Enfer – Jesus Marie
Hans Memling, détail du tryptique du jugement dernier.
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Evangile selon saint Matthieu chapitre 7, verset 13-14 :
13. Entrez par la porte étroite car elle est large la porte et elle est large la route qui conduit à la perdition et ils sont nombreux ceux qui entrent par elle.
14. Mais combien elle est étroite la porte et combien elle est resserrée la route qui conduit à la vie
et ils sont peu nombreux ceux qui la trouvent.
Evangile selon saint Luc chapitre 13, verset 24 :
Luttez pour entrer par la porte étroite
ils sont nombreux ceux chercheront à entrer au Paradis et ne le pourront pas.
“Il faut constater comme un fait historique l’accord sur le petit nombre des élus entre les représentants les plus éminents de la pensée chrétienne occidentale depuis la fin de l’Antiquité jusqu’au XIXème siècles.”____________Jean Delumeau, Le Péché et la Peur, Paris, Fayard, oct. 1984, p.317.
Abbé F.X. Godts, de la congrégation du Très Saint Rédempteur, Que disent les saints du petit nombre de ceux qui vont au Paradis ? (titre original latin : De Paucitate Salvandorum quid docuerunt Sancti ?) Que disent les saints du petit nombre des élus ?
Article Enfer du Dictionnaire de Théologie Catholique (106 pages).
Apparitions de d’hommes et de femmes damnés en enfer pour l’éternité
Cardinal Charles Journet: Un monde avec le mal peut être meilleur, au final, qu’un monde sans le mal cf. L’Eglise du Verbe Incarné T.III., p.100-102.
Saint Alphonse-Marie de Liguori—Les 4 portes de l’Enfer–pdf–
saint Pierre Canisius, Que penser de l’enfer et des peines de l’enfer ?
Dom B. Maréchaux – Du Nombre des élus
Jose Ricart Torrens –Le Nombre des Elus—1—2—3—4—5
Abbé Guy Pagès, L’enfer et l’espérance, Réponse à Urs von Balthasar – mémoire de licence en théologie – télécharger
Abbé Pierre-François Foggini – Unanimité des Pères de l’église sur le petit nombre des élus – édition partielle 20 p.
L’hérésie de l’apparition systématique de Jésus pour tous les mourants (la thèse de l’illumination finale, thèse de l’option finale)
Abbé Louis Brémond La Conception Catholique de l’Enfer – Réponses aux Objections – fichier pdf de 2,7 Mo ! – télécharger
Eléments de réponses aux objections :
– L’enfer est un mystère, on ne pourra jamais le comprendre pleinement.
Le risque d’aller en enfer est une épreuve d’humiliation à laquelle l’homme est soumis par Dieu.
De même que plusieurs Pères de l’Eglise pensent que Satan a été mis à l’épreuve en devant accepter l’Incarnation de la 2ème personne de la Sainte Trinité,
de même que saint Joseph a été soumis à l’épreuve en affrontant la grossesse évidente de la Vierge Marie,
de même qu’Abraham a été mis à l’épreuve par la demande d’égorger en sacrifice son fils unique Isaac duquel devait sortir toute sa descendance promise par Dieu,
les hommes sont tenus d’adorer un Dieu parfait, tout puissant, infiniment aimant et qui pourtant, permet la damnation de milliards d’hommes et de femmes. [Depuis l’apparition de l’espèce humaine, 80 milliards d’hommes auraient vécu sur Terre].
Beaucoup d’athées refusent de servir un tel Dieu parce qu’ils jugent cela inadmissible, cruel et coupable.
Beaucoup de chrétiens refusent la réalité de ce qui est clairement expliqué et enseigné par l’Evangile et par toute la Bible, ils trouvent des subterfuges visant à vider de sa réalité un dogme qu’ils savent ne pas pouvoir effacer purement et simplement des livres saints.
Cela donne cette idée à la mode selon laquelle l’enfer existe mais il serait vide ou presque vide, il faudrait pour y aller une malice, un acharnement et une persévérance dans le mal qui fait dire à la plupart d’entre nous : voilà qui est bien rassurant car jamais je ne serai capable de commettre un tel mal et encore moins jusqu’aux derniers moments de ma vie, quand je me trouverai au bord de l’éternité.
Le péché d’Adam, le péché originel, ayant été un péché d’orgueil [et non de sexualité], la réparation de ce péché, se fait par l’humilité. Oui Seigneur, je t’aime et je te sers même si je ne comprends pas, je t’aime Seigneur et je te fais confiance. J’ai la certitude absolue que tu es un Dieu d’amour infini.
– Chacun reçoit ce qu’il a demandé et voulu, on récolte ce que l’on sème. Qui récolte le péché sans travailler à se guérir du péché, récolte la souffrance éternelle. Dieu a créé une créature capable de mouvoir sa volonté vers le bien ou vers le mal. Nous avons été élevé à la dignité de cause. cf. Saint Irénée dans Contre les Hérésies, livre 4.
– Celui qui, s’il pouvait vivre éternellement sur Terre, voudrait éternellement y vivre dans le péché, crée son propre enfer, il crée la condition pour s’exclure de Dieu et subir l’effet perpétuel de cette volonté perpétuelle de rejeter Dieu et sa loi.
– Nous ne sommes rien face à Dieu, Dieu a tous les droits sur nous, nous n’avons rien à dire, nous lui devons tout, cf. saint Paul “l’argile dont le potier fait des vases va-t-elle lui demander des explications si d’une portion d’argile, le potier en fait un vase à fleurs et d’une autre portion d’argile, il en fait un pot de chambre ?” Lettre aux Romains, 9, 21.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte Face, Docteur de l’Eglise, aussi nommée Thérèse de Lisieux :
lettre à Céline le 14 juillet 1889.
« Céline, durant les brefs instants qui nous restent, ne perdons pas de temps… sauvons les âmes… car les âmes se perdent comme des flocons de neige ; Jésus pleure et nous ne pensons qu’ à notre douleur sans consoler notre Epoux. Oh ! Chère Céline, vivons pour les âmes des prêtres ; ces âmes devraient être plus transparentes que du cristal. Hélas ! combien de mauvais prêtres et combien de prêtres qui ne sont pas saints comme ils devraient l’être ! »
Saint Vincent de Paul, Entretiens Spirituels,
“je crois de que les deux tiers de l’humanité sont damnés à cause du péché de paresse”.
[il fait sans doute allusion à la paresse en matière de prière, personne ne peut être sauvé sans prier, sauf par mode d’exception : cas où, dans la communion des saints, un autre catholique obtient miséricorde pour une personne en état de refus de Dieu. Le bon larron n’a échappé aux conséquences de ses crimes que parce qu’il a prié Jésus.]
Saint François de Sales
“Or si c’est toujours l’homme qui manque à la grâce
et que jamais la grace ne nous manque,
si l’on voit en toutes sortes d’états, de conditions et de vocations
un si grand nombre de réprouvés et peu d’élus,
qui s’asseurera et vivra sans apréhension de perdre cette grâce
ou de lui refuser son consentement ?”
Sermon LVIII pour le Jeudi après le deuxième dimanche de
carême coïncidant avec la fête de Saint Mathias 24 février 1622, Sermons de saint François de Sales,
Tome X de ses oeuvres complètes, p.249, éd. Annecy, France, 1898.
“les hommes sont tellement pervertis, que dès leur adolescence ils ont quitté la voie du salut et ont pris le chemin de perdition. Estant parvenus à l’aage de raison ils prennent leur route à main gauche”
Sermon pour la présentation,édit. 1839 T. II. p. 381 col 2.
“Ceste non jamais asses considérée proposition: il y en a beaucoup d’appellés, mais peu de
choysis. Tous ceux qui sont en Eglise sont apellés, mays tous ceux qui y sont ne sont pas
esleuz; aussy Eglise ne veut pas dire election mais convocation.”
Des Controverses, P. I. Chap 2 art 2 édit Annecy Tome I page 55.
“Qui auroyt les yeux asses clair voyans pour voir l’issue de la course des hommes, verrait
bien dans l’Eglise de quoy s’escrier: Plusieurs sont appeléset peu son esleuz; c.à.d., plusieurs sont en la militante qui ne seront jamais en la triomphante. Combien sont dedans qui seront dehors, comme Saint Anthoyne prévit d’Arrius, et saint Fulbert de Bérengaire.”
Des Controverses, P. I. Chap 2 art 2 édit Annecy Tome I page, page 60.
“Au jour du jugement, les vertus des payens les défendront, non afin qu’ils soient sauvez,
mais afin qu’ils ne soient pas tant damnez”
Traité de l’amour de Dieu, Livre XI chap X Annecy 1839 T. IV. p. 449
Saint François de Sales pense que la majorité des catholiques refusent d’aimer Jésus
et choisissent la haine de Jésus et l’enfer éternel
[qui veut toujours pécher, est toujours en état de haine de l’Amour.]
Saint François de Sales professe le petit nombre des élus.
Sainte Brigitte de Suède
“[…] Vous donc mes amis, qui êtes au monde, marchez surement; criez et annoncez-leur ma volonté, et aidez-les, afin qu’ils puissent accomplir mes volontés. Je serai dans votre coeur et dans votre bouche. Je serai votre conducteur en la vie, et votre conservateur en la mort. Allez sûrement, je ne vous laisserai point. La gloire croît par le labeur, car je pourrai toutes choses en un moment et en une parole, mais je veux que du combat croisse votre couronne, et que de votre courage croisse mon honneur. N’admirez pas ce que je vous dis, car si un homme sage pouvait considérer ceci dans le monde, combien d’âmes descendent tous les jours dans l’enfer, il verrait qu’il y en a plus que du sable dans la mer et que de petits cailloux au rivage, car la justice et l’équité veulent que ceux qui se sont séparés de Dieu soient conjoints avec le diable. Partant, afin que le nombre du diable soit diminué, qu’on voie le péril présent et que mes troupes soient augmentées. Je parle ainsi, afin que, par aventure, s’ils entendent, ils s’amendent.
Révélations Livre 2 chapitre 6, Révélations approuvées par 3 papes et le concile de Bâle.
Jesus a dit à Gabrielle Bossis [auteur de livres de révélations privés publiés avec imprimatur] : à chaque minute, tu peux sauver [de l’enfer] des milliers d’âmes,
Si les hommes préférent en masse l’enfer, c’est qu’ils préfèrent en masse le péché,
mais ils peuvent changer de vie et embrasser la vie que Jésus leur propose.
Jésus a dit à Saint Séraphin de Sarov
Acquiers la paix intérieure et des âmes par milliers, trouveront auprès de toi le Salut
saint Séraphin disait : Tout est subordonné à l’acquisition de cette paix : l’adhésion à l’Eglise, la vraie espérance, l’absence des passions, le pardon des offenses, l’abstention du jugement de son prochain et surtout le silence intérieur
Saint Claude de la Colombière dit: qu’importe si sur 100.000 personnes seul un petit nombre est sauvé car tous les bons sont sauvés et tous les mauvais sont damnés.
Seul compte de faire partie des bons et de prier pour le salut des hommes qui s’attachent au péché.
Saint Thomas d’Aquin
dans la Somme Théologique, Prima Pars, question 23, article 7, réponse 3, saint Thomas d’Aquin explique par un raisonnement logique pourquoi la majorité va en enfer et la minorité va au paradis :
la vision de Dieu dépasse les forces communes de la nature, surtout depuis le péché originel,
or ce qui dépasse les force communes de la nature ne se trouve pas réalisé dans le grand nombre
mais dans une minorité d’hommes,
donc la majorité va en enfer et manque pour toujours la vision de Dieu.
commente ce texte de saint Paul :
Saint Paul nous rappelle qu’il ne faut pas compter être sauvé si l’on ne veut pas faire effort ; il donne l’exemple des sportifs qui veulent remporter une coupe : Ne savez vous pas que, dans les courses du stade, parmi tous ceux qui courent, un seul remporte le prix ?
(I Cor. IX, 24).
Et il engage les Chrétiens à faire de même, à faire effort. Pour lui, il châtie son corps de crainte de devenir un réprouvé (I Cor. IX, 27).
Commentaire de la 1ère lettre de saint Paul aux corinthiens, traduction par l’abbé Bralé, éd Louis Vivès, Paris, 1870, p. 328.
Saint Thomas d’Aquin commente ce verset 24 en trois mots lapidaires In primo notatur conditio viatorum, in secundo multitudo vocatorum, in fertio paucitas électorum ?
En premier lieu, nous trouvons notée ici notre condition de voyageurs [placés sur terre] pour faire notre salut,
en second lieu, la multitude de ceux qui sont appelés [tout le monde est appelé],
en troisième lieu, le petit nombre des élus. [le grand nombre va en enfer]
Somme Théologique. Ia Pars
Question 63 : LE MAL DES ANGES QUANT À LA FAUTE
Article 9 : Y a-t-il autant d’anges tombés que d’anges restés fidèles ?
2. La justice et le péché se trouvent de la même manière chez les anges et chez les hommes. Mais, parmi les hommes, il y en a plus de mauvais que de bons, selon cette parole de l’Ecclésiaste (1, 15, Vg) : « Le nombre des insensés est infini. »
Saint Bernard :
oeuvres complètes de saint Bernard, tome III, p.11 Ed. Louis Vivès 1867. Texte tiré du troisième sermon pour la Vigile de la Nativité.
« Quel homme en effet, ne fût-il même chrétien que de nom, ignore que le Seigneur doit venir un jour et qu’il viendra en effet, pour juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses oeuvres? Non mes frères, tout le monde ne sait point cela, ce n’est même su que de peu d’hommes, puisqu’il y en a si peu de sauvés. »
3. Suivons donc le conseil du Prophète (Ose. X, 12, juxta LXX.), allumons-nous, le flambeau de la science à cet astre si grand et si brillant, avant de sortir des ténèbres de ce monde, de peur que nous ne passions des ténèbres aux ténèbres, mais à des ténèbres éternelles. Mais de quelle science parlé je ? De celle qui consiste à savoir que le Seigneur viendra, quoique nous ne puissions savoir quand il viendra. Voilà tout ce qui nous est demandé. Vous me direz peut-être que tout le monde aujourd’hui a cette science-là; quel homme, en effet, ne fut-il même chrétien que de nom, ignore que le Seigneur doit venir un jour et qu’il viendra en effet, pour juger les vivants et les morts, et rendre à chacun selon ses oeuvres? Non, mes frères, tout le monde ne sait point cela, ce n’est même su que de peu d’hommes, puisqu’il y en a si peu de sauvés. Pensez-vous, par exemple, que ceux qui sont heureux quand ils ont mal fait, et se réjouissent des pires choses (Prov. II, 14), sachent ou se rappellent qu’un jour le Seigneur viendra? S’ils l’affirmaient eux-mêmes, gardez-vous de les croire, car « celui qui dit qu’il le connaît et ne garde point ses commandements est un menteur, dit l’Apôtre (I Joan. II, 4). — Ils font profession, dit saint Paul, de connaître Dieu, mais ils le renoncent par leurs oeuvres, (Tit. I, 16) — attendu, continue saint Jacques, que la foi sans les oeuvres est une foi morte (Jac. II, 20). » En effet, ils ne se souilleraient point de tant d’impuretés s’ils savaient que le Seigneur doit venir, et s’ils redoutaient sa venue; au contraire, ils veilleraient sur eux, et ne laisseraient pas le mal faire de tels ravages dans leur âme.
Saint Alphonse Marie de Liguori, docteur de l’église:
« La majeure partie des âmes va en enfer à cause des péchés sexuels [péchés “d’impureté”] : qui plus est, je n’hésite pas à affirmer que ceux qui se damnent vont en enfer ou bien pour ce seul péché ou au moins pas sans lui. »
Theologie Morale de Saint Alphonse de Liguori, livre 3, N°413, [Lib. III. N°413].
[Nunc aegrè materiam illam tractandam aggredimur, cujus vel solùm nomen hominum mentes inficit. Det mihi veniam, quaeso, castus lector, si plures quaestiones, et circumstantias, à P. Busembao omissas, hic discussas, et declaratas inveniet : utinam breviùs, aut obscurius explicare me potuissem ! Sed cum haec sit frequentior atque abundantior confessionum materia, et propter quam major animarum numerus ad infernum delabitur, imo non dubito asserere, ob hoc unum impudicitiae vitium, aut saltem non sine eo, omnes damnari, quicumque damnantur. p.76/221 du pdf]
Sermon pour le troisième dimanche de l’Avent:
« La route du ciel est étroite et pour me servir d’une expression familière, les carosses n’y passent pas; en sorte que vouloir aller au ciel en carosse, c’est y renoncer. Bien peu d’âmes y parviennent parce que bien peu veulent se faire violence pour résister aux tentations. »
Dans une lettre adressée à un évêque, saint Alphonse a écrit qu’un catholique, venant à mourir l’année où il a fait (et bien fait) sa mission, se damnera difficilement. S’appuyant sur cette lettre, Mgr Bougaud lui fait dire, absolument, qu’un catholique se damne difficilement. Il s’agit là d’une fausse interprétation de texte. Saint Alphonse, en plusieurs de ses oeuvres, insiste sur la doctrine traditionnelle du petit nombre des élus, comme l’ont toujours soutenu les religieux de son ordre.
« Eh quoi ! pensez-vous peut-être qu’il n’y a point de religieux en enfer ? Ah ! combien n’en verrons-nous pas qui y seront damnées au jour du jugement ! Comme beaucoup d’entre elles [les âmes ayant fait les voeux religieux] mènent une vie pleine de péchés, au moins véniels, on a raison de craindre que Dieu ne les vomisse et ne les abandonne à cause de leur tièdeur. »
oeuvres complètes de saint Alphonse de Liguori, oeuvres ascétiques, tome XI p. 248 (Casterman 1879).
« Notre Dieu est si bon et il a tant d’amour pour nous qu’il désire ardemment d’être aimé de nous ; c’est pourquoi non seulement Il nous a appelés à son amour par invitations si multipliées dans les Saintes Ecritures et par tant de bienfaits communs et particuliers, mais Il a voulu même nous obliger à L’aimer, par un commandement exprès, en menaçant de l’enfer ceux qui ne L’aiment point et en promettant le paradis à ceux qui L’aiment. Dieu veut que tous les hommes se sauvent et qn’aucun ne se perde, comme l’enseigne très clairement saint Paul ainsi que saint Pierre. Il veut que tous les hommes se sauvent. Mais si Dieu veut que nous nous sauvions tous, pourquoi a-t-il créé l’enfer ? Il a créé l’enfer, non pour nous voir damnés, mais pour se voir aimé de nous. En effet, s’Il n’avait pas créé l’enfer, qui L’aimerait en ce monde ? On voit la plupart des hommes se livrer à la damnation éternelle plutôt que d’aimer Dieu ; qui donc, je le répète, s’il n’y avait pas d’enfer, qui L’aimerait ? Ainsi, le Seigneur a menacé d’un supplice éternel quiconque refuse de L’aimer, afin que ceux qui ne L’aiment pas de leur bon gré L’aiment au moins de force, par crainte de l’enfer. »
« Quand nous arrivons en quelques lieu, – écrit saint Alphonse de Liguori à ses missionnaires, – nous y trouvons le plus grand nombre des habitants dans la disgrâce du Seigneur, où les tient enchaînés le péché. » Circulaire 29 juin 1774. Et il parlait de villageois aussi catholiques et aussi pieux du royaume de Naples au XVIIIème siècle. Que dirait-il de nos Sodome et Gomorrhe actuels ?
Sainte Thérèse d’Avila , docteur de l’Eglise :
Vie écrite par elle-même, ch. 32
« Cette vision m’a procuré, en outre, une douleur immense de la perte de tant d’âmes… Elle m’a procuré aussi les désirs les plus ardents d’être utile aux âmes. II me semble en vérité que, pour en délivrer une seule de si horribles tourments, je souffrirais très volontiers mille fois la mort. »
« Ayant appris vers cette époque de quelles terribles épreuves souffrait la France, les ravages qu’y avaient fait les luthériens… Comme si j’eusse pu, ou que j’eusse été quelque chose, je répandais mes larmes aux pieds du Seigneur et le suppliais d’apporter un remède à un tel mal. Il me semblait que j’aurais sacrifié volontiers mille vies pour sauver une seule de ces âmes qui s’y perdaient en grand nombre. O mes soeurs en Jésus-Christ, aidez-moi à adresser cette supplique au Seigneur. C’est pour cette oeuvre qu’Il vous a réunies ici ; c’est là votre vocation ; ce sont là vos affaires ; tel doit être l’objet de vos désirs . »
Chemin de la Perfection, ch. I.
Saint Clément: « Il existe deux voies. Celle de ceux qui périssent est large et plane, on s’y perd sans fatigue ; celle des sauvés est étroite et âpre, elle mène au salut avec beaucoup de labeur. » Hom. VII.
Saint Clément d’Alexandrie
au sujet de la parabole des deux voies : « L’une est étroite parce qu’elle est resserrée par des commandements et des prohibitions ; “l’autre est large et spacieuse parce qu’on y donne libre carrière aux voluptés et à la colère”. Pythagore à ce sujet nous défend de suivre la sentence de la multitude, qui, dit-il, le plus souvent est téméraire et absurde. »
Stromate. livre. V. chapitre. 5.
Lactance
« Celui-là seul qui suit la justice et la vérité recevra la récompense immortelle et entrera en possession de l’éternelle lumière. Or, d’après le Sauveur, c’est le petit nombre qui marche dans cette direction. »
Inst. lib. VI. c. 3.
Saint Irénée père de l’église : « II en est aujourd’hui comme sous l’Ancien Testament : Dieu ne se plait pas dans le grand nombre : beaucoup d’appelés, peu d’élus. »
Contre les Hérésies. C.XXXVI.
Saint Hilaire, docteur de l’église :« Toute chair viendra au jugement: mais bienheureux qui sera élu. Car suivant l’Evangile, beaucoup d’appelés, peu d’élus. »
Enar. In Psal. LXIV.
Saint Basile de Césarée – saint Basile le Grand, père et docteur de l’église : « Range-toi du petit nombre. Le bien est rare : il y en a peu qui entrent au royaume des cieux. Prends garde de croire que tous ceux qui habitent une cellule [de moine, Basile parle des moines] seront sauvés, quelle que soit leur vie, bonne ou mauvaise. »
Serm. De Ren. Saeculi.
Saint Grégoire de Nazianze, père et docteur de l’église :
il appelle ceux qui se perdent une « poussière infinie ».
Orat. XLII ad 150 Ep.
Saint Grégoire de Nazianze
Cinq Discours sur Dieu, premier discours, paragraphe 8:
“Mais quand tu entends dire qu’il n’y a qu’une seule voie et qu’elle est étroite, que signifient ces mots, à ton avis ?
– Il n’y a qu’une voie, du point de vue de la vertu;
elle est unique, même si elle se divise en plusieurs branches ;
elle est étroite à cause des sueurs qu’elle fait répandre et parce que peu de gens la suivent,
si on les compare avec la foule de ceux qui suivent la voie opposée, celle du mal.”
C’est aussi mon avis.
Saint Ambroise, père et docteur de l’église : à la question du psaume : « qui habitera, Seigneur, en votre tabernacle, ou qui se reposera sur votre sainte montagne ? », il répond : « non pas personne, mais peu de personnes, non utique nullus, sed rarus »
In Apol. pro Davide, c. IX.
Saint Jean Chrysostome, père et docteur de l’église : parlant au peuple d’Antioche, il s’écrie :
« combien pensez-vous qu’il y ait de sauvés dans votre ville ? Ce que je vais dire est pénible, je le dirai néanmoins. Parmi tant de milliers de personnes, il n’y a pas cent qui arriveront au salut ; et encore ne suis-je pas sur de ce nombre. Tant il y a de perversité dans la jeunesse, de négligence dans la vieillesse. »
Hom: XXIV in act. Apost.
Saint Jean Chrysostome, père et docteur de l’église, dans son homélie XXIV sur les Actes des Apôtres, professe même la vérité horrible que
la majorité des prêtres ne sont pas fidèles à leur mission et se damnent
Saint Augustin, père et docteur de l’église : « assurément ceux qui se sauvent sont le petit nombre. Vous vous rapellez la question tirée du saint Evangile : « Seigneur, sont-ils en petit nombre ceux qui se sauvent ? » Que répond le Seigneur ? Il ne dit pas détrompez-vous beaucoup sont sauvés. Non, il ne dit pas cela. Et quoi donc ? Efforcez-vou d’entrez par la porte étroite. Et parlant ainsi il confirme ce qu’il vient d’entendre. Il y en a peu qui entrent par la porte étroite. Ailleurs il dit : Etroite est la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et il y en a peu qui la trouvent. A quoi bon nous réjouir au sujet des multitudes ? Ecoutez moi ,vous qui êtes le petit nombre, vous êtes beaucoup à m’écouter mais peu à m’obéir. Je vois l’aire, je cherche les grains de froment. A peine voit-on les grains quand l’aire est battue ; mais la paille sera vannée. Il y a a donc peu qui se sauvent en comparaison de beaucoup qui périsent. »
Serm. CVI, alias de verbis Domini, XXXII
Sermon de saint Augustin sur le nombre des élus
Saint Léon le Grand, pape, docteur de l’église : « Alors que la voie large menant à la mort est fréquentée par des foules nombreuses, dans les sentiers du salut on ne voit que les rares vestiges du petit nombre de ceux qui y entrent. »
Ser. XLIX. c. 2.
Saint Grégoire le Grand, pape, docteur de l’église : « vous êtes réunis içi en grand nombre pour cette solennité ; vous remplissez l’enceinte de cette église : qui sait en quel petit nombre se trouvent parmi vous les élus de Dieu ? »
Hom. XIX, in Evang. §5.
Saint Anselme, docteur de l’église : « que parmi beaucoup d’appellés, il y ait peu d’élus, nous ne sommes certains, puisque la Vérité [= Jésus] le dit ; mais combien peu il y en a, nous ne sommes incertains, la Vérité ne le disant pas. C’est pourquoi quiconque ne vit pas comme le petit nombre, qu’il se corrige et se range du côté du petit nombre ; autrement qu’il se tienne assuré de sa réprobation. Quant à celui qui est avec le petit nombre, qu’il ne se tienne pas encore assuré de son élection pour cela. »
Epist. II, libri I.
Saint Vincent Ferrier, docteur de l’église : « oui il y en a peu qui la trouvent, moins encore qui y demeurent, très peu qui le suivent jusqu’au bout. »
Serm. IV, Edit. Anver. P.318
Autre citation en latin :
« Sextum caelum est Dominationum. Ibi colocantur, qui habent praesidentiam humanalem, qui habent dominium justum et bono titulo et servant justitiam… Idem de praelatis, qui intrant per portam et quando sunt intus bene gubernant se, et magis curant de animabus, quam de redditibus. Tales cum morientur, cum magno honore in iste sexto ordine collocantur. Cum transeunt per ordinem Angelorum, Archangelorum… in quolibet ordine fit eis magnun festus. Dicunt angeli : « Faciamus magnum festum, quia tot annis quod nullus huc venit de istis. ».
Sermon III : De Omnibus Sanctis.
Saint Bonaventure, docteur de l’église : comme tous les hommes devraient être damnés en tant que tous issus d’une masse de perdition, s’il y en a un plus grand nombre de réprouvés que de sauvés, c’est pour faire voir que le salut provient d’une grâce spéciale, tandis que la damnation est selon la justice commune. Personne ne peut se plaindre de la volonté divine qui agit en tout avec une suprême rectitude ; bien plus nous devons en toutes choses lui rendre grâce et honorer le gouvernement de la divine Providence. »
Brevil. Pars. I. c. 9.
Saint Thomas d’Aquin, docteur de l’église :
« Le bien, qui est proportionné à la nature, se produit dans la plupart des êtres et ne manque que dans le petit nombre d’entre eux ;
mais le bien qui excède l’état commun de la nature se trouve seulement dans un petit nombre et manque dans le grand nombre.
Ainsi la plupart des hommes ont une science suffisante pour le gouvernement de leur vie ;
le nombre de ceux à qui cette science fait défaut, et qu’on appelle des idiots, est relativement petit ;
mais très petit est le nombre de ceux qui atteignent à une science profonde des choses intellectuelles.
Donc comme la béatitude éternelle, consistant en la vision de Dieu, excède l’état commun de la nature en ce que celle-ci a été destituée de la grace par la corruption du péché originel, c’est le petit nombre qui se sauve.
Et en cela même la miséricorde de Dieu brille d’un éclat singulier : car elle élève un certain nombre de créatures humaines au salut éternel, alors que la plupart s’y dérobent selon le cours ordinaire des choses et l’inclination de la nature. »
Sum. theol. I Pars. q. XXIII a. 7.
Saint Thomas de Villeneuve, : « Beaucoup d’appelés, peu d’élus, terrible sentence ! Croyez-moi, mes frères, croyez ce dont je n’ai cessé de vous avertir, ce que je n’ai cessé de crier à vos oreilles : si vous ne travaillez pas énergiquement à votre salut, si vous n’en faites pas plus que le commun des hommes, vous ne recevrez pas la récompense éternelle. »
Conci. II in Dom, Septuag.
Saint Pierre Canisius docteur de l’église :« Je prêcherai le juste jugement par lequel Dieu, tirant vengeance du mépris de sa grâce, ne choisit pour la gloire céleste qu’un petit nombre de ceux qu’il a appelés à son Eglise. »
Commentaire de l’Evangile du Dimanche de la Septuagésime
Saint Robert Bellarmin, docteur de l’église :
« Que personne ne pense que le nombre des élus surpassera celui des réprouvés, parce qu’il est dit au chapitre VII de l’Apocalypse que les élus ne peuvent être comptés ! A la vérité, il y aura bien plus d’élus parmi les gentils que parmi les hébreux. Mais le nombre des élus, soit juifs, soit gentils, sera tout à fait inférieur au nombre des réprouvés. Les juifs élus ne feront pas la millième partie des juifs réprouvés. Et l’on peut dire la même chose à proportion des chrétiens. Ce que dit Notre-Seigneur en saint Matthieu et en saint Luc de la voie resserrée et de la porte étroïte est commun aux juifs et aux chrétiens. »De gemitu Columbae.[traduction: les gémissements de la colombe Lib. I, c. VI.
Saint Claude de la Colombière :
oeuvres complètes de saint P. de La Colombière, de la Compagnie de Jésus, les « jésuites », Tome III. Sermons , LIIe sermon, De la pénitence différée à la mort, Grenoble 1901, p. 321-322.
« C’est une chose bien digne d’admiration que, le patriarche Abraham ayant reçu ordre de faire mourir son fils Isaac, non seulement il ne murmura point contre Dieu, mais il ne laissa pas de croire qu’il deviendrait, par ce même fils, le père d’une très nombreuse nation… Mais, quelque grande qu’eût été la confiance de ce saint homme, il faut avouer que celle des pécheurs va plus loin encore.
Non seulement ils espèrent contre l’espérance, mais ils espèrent même contre la foi. Ils espèrent en Dieu, pour ainsi dire, contre Dieu même, et au lieu qu’Abraham crut que le Seigneur ferait un miracle plutôt que de manquer à sa parole, ceux-ci croient que la parole cle Dieu manquera plutôt qu’il ne se fasse un miracle en leur faveur… »
Bossuet :
Méditations sur l’Evangile.
« Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Jésus-Christ nous en a souvent avertis. Cela est vrai premièrement parmi les juifs. Mais le Sauveur ne parle pas seulement des juifs à l’endroit que nous lisons de la parabole ; car c’est après nous avoir fait voir les gentils appelés en la personne de ces aveugles et de ces boiteux qui sont invités à son festin qu’il conclut qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus… Ne vivons pas comme la plupart… n’alléguons pas la coutume, rangeons-nous avec ce petit nombre d’élus que le monde ne connaît pas mais dont les noms sont inscrits dans le ciel. »
Saint Louis Marie Grignon de Montfort :
Lettre aux Amis de la Croix, N°14
«SI QUELQU’UN VEUT VENIR APRES MOI » “Si quis”, si quelqu’un ; “quelqu’un”, et non pas “quelques-uns”, pour marquer le petit nombre des élus qui veulent se conformer à Jésus-Christ crucifié, en portant leur croix. Il est si petit, si petit, que, si nous le connaissions, nous nous en pâmerions de douleur. Il est si petit, qu’à peine parmi dix mille y en a-t-il un, comme il a été révélé à plusieurs saints, entre autres à saint Siméon Stylite, selon que le rapporte le saint abbé Nil, après saint Ephrem et quelques autres. Il est si petit, que, si Dieu voulait les assembler, il leur crierait, comme il fit autrefois par la bouche d’un prophète : “Congregamini unus et unus”, assemblez-vous un à un, un de cette province, un de ce royaume.
autre passage :
« Voilà, mes chers confrères, voilà deux partis qui se présentent tous les jours : celui de Jésus-Christ et celui du monde. Celui de notre aimable Sauveur est à droite, en montant, dans un chemin étroit et rétréci plus que jamais par la corruption du monde. Ce bon Maître y est en tête, marchant les pieds nus, la tête couronnée d’épines, le corps tout ensanglanté et chargé d’une lourde Croix ; il n’y a qu’une poignée de gens, mais des plus vaillants, à le suivre, parce qu’on n’entend pas sa voix si délicate au milieu du tumulte du monde, où on n’a pas le courage de le suivre dans sa pauvreté, ses douleurs, ses humiliations et ses autres Croix, qu’il faut nécessairement porter à son service tous les jours de la vie. A gauche est le parti du monde ou du démon, lequel est le plus nombreux, le plus magnifique et le plus brillant, du moins en apparence. Tout le plus beau monde y court, on y fait presse quoique les chemins soient larges et plus élargis que jamais par la multitude qui y passe comme des torrents ; ils sont jonchés de fleurs, bordés de plaisirs et de jeux, couverts d’or et d’argent.
A droite, le petit troupeau qui suit Jésus-Christ ne parle que de larmes, de pénitences, d’oraisons et de mépris du monde ; on entend continuellement ces paroles entrecoupées de sanglots : « Souffrons, pleurons, jeûnons, prions, cachons-nous, humilions-nous, appauvrissonsnous, mortifions-nous, car celui qui n’a pas l’esprit de Jésus-Christ, qui est un esprit de Croix, n’est point à lui : ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec leurs concupiscences ; il faut être conforme à l’image de Jésus-Christ ou être damné. Courage, s’écrient-ils, courage ; si Dieu est pour nous, en nous et devant nous, qui sera contre nous? Celui qui est en nous est plus fort que celui qui est dans le monde ; le serviteur n’est pas plus que le maître ; un moment d’une légère tribulation produit un poids éternel de gloire ; il y a moins d’élus qu’on ne pense ; il n’y a que des courageux et violents qui ravissent le ciel de vive force ; personne n’y sera couronné que celui qui aura combattu légitimement selon l’Evangile, et non pas selon la mode. Combattons donc avec force, courons bien vite afin que nous atteignions le but, afin que nous gagnions la couronne. »
Cardinal Bona :
Principia et documenta vitae, christianae.
« Il n’y a pas plus vif stimulant pour corriger nos moeurs dépravées et conformer notre vie aux normes de l’Evangile que cette terrible et affreuse sentence : « Il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus » à condition d’en pénétrer intimement le sens. Car personne ne sait s’il est appelé â la vocation de ceux dont il est écrit : « ceux qu’Il a appelés, Il les a justifiés ; ceux qu’Il a justifiés, Il les a glorifiés, (Rom. VIII, 30.)
Nul ne sait s’il est digne d’amour ou de haine, mais toutes choses restent incertaines jusque dans le futur. (Eccl. IX, 1).
Personne ne sait, avant d’être appelé, s’il persévérera dans sa vocation jusqu’à la fin. Mais, dans des conditions qui sont si critiques pour le salut, si incertaines pour la persévérance, tout chrétien doit, dans une angoisse continuelle se préoccuper avec crainte d’assurer sa vocation ; pour que, vivant dans la foi à laquelle il se consacre par amour, il manifeste par ses bonnes oeuvres qu’il appartient au groupe exigu et très heureux de ceux que Dieu, avant la création du monde, a miséricordieusement élus.
Que le nombre des élus soit exigu, qu’il soit bien moindre que le nombre des réprouvés, même si la comparaison se limite à ceux qui professent la foi orthodoxe en excluant les enfants morts avant l’âge de raison : c’est là, en vérité, une opinion basée sur le témoignage infaillible des Ecritures et démontrée par beaucoup d’indices et de raisons.
Car le Christ en a averti ses disciples : c’est par de nombreux travaux et à travers d’extrêmes difficultés qu’il faut entrer sur le chemin du salut auquel seule une porte étroite donne accès: « Entrez par la porte étroite… ” etc.
Mais de quelle manière le pécheur peut-il commencer à mener une bonne vie quand il arrive à sa fin ?
Comment peut-il détester ses péchés, surtout les gros, et avoir en horreur les délices qu’il a aimés si intensément au cours de sa vie ?
Comment embrassera-t-il de bon gré la pénitence qu’il a toujours abhorrée ?
Comment se disposera-t-il à abandonner ces choses avec une décision efficace si demeure vivant tout ce à quoi il s’est habitué par une pratique invétérée ?
Comment au milieu des tourments de la maladie et de la mort, son intelligence pourra-t-elle méditer les choses surnaturelles, si éloignées des sens, alors qu’il n’y a jamais pensé (ou si peu de temps) lorsqu’il était en pleine santé ?
Comment surmontera-t-il, par des actes contraires, les habitudes de la vie passée, et cela au milieu de tant de malaises, de tentations et de difficultés ?
Faisons l’expérience : nous aurons du mal à trouver un homme qui, une fois le péril passé, se maintienne dans le ferme propos. Tous retournent à leurs habitudes et oublient instantanément les points sur lesquels ils s’étaient décidés de faire effort par peur de la mort, grâce aux exhortations d’amis ou par prudence humaine ; comme presque personne, quand la fin arrive, ne perd entièrement l’èspérance de la vie, le démon profite de ce fait pour en tromper et en perdre beaucoup.
Quand surviennent la débilité de l’âme due à l’agitation du corps et la perte d’énergie de toutes les facultés, l’homme conserve à peine son jugement ; à tel point que les paroles des personnes présentes, les actes de vertu qu’on lui suggère ne sont perçus par lui que comme le son d’une voix qui n’a pas de sens.
II est absolument certain que l’on peut espérer le salut de ceux qui, à la fin de leur vie, ont manifesté des signes de pénitence ; mais on ne peut être assuré de leur sort. L’exemple du roi Antiochus le rnontre, de manière frappante.
Sur la fin de sa vie, il pria et s’humilia sous la puissante main de Dieu ; il promit de dédommager les Juifs des maux qui leur avaient été infligés et d’orner le temple ; il promit qu’il garantirait par ses revenus les dépenses des sacrifices et que, renonçant au racisme, il se considèrerait comme juif et courrait toute la terre en prêchant la puissance de Dieu.
Qui pourrait exiger d’un pécheur des signes de pénitence plus grande et plus certaine ? Et pourtant cela ne lui mérita pas le pardon, comme le suggère l’Ecriture quand elle dit : le méchant suppliait Dieu qu’Il lui fît miséricorde ; c’est que certainement sa pénitence, procédant de la crainte de la mort, n’était pas sincère.
Qui ne tremble en considérant tout cela ? Qui, parmi tant de difficultés et de périls, osera donner son salut pour certain ?
Qui ne tremblera, ne sachant s’il est digne d’amour ou de haine ?
Comme les élus sont peu nombreux et peut-être beaucoup moins nombreux que nous ne le pensons, séparons-nous donc de la multitude et vivons en compagnie de quelques hommes de Dieu, élus et innocents, de façon que chacun, en présentant après sa vie le témoignage de sa conscience, puisse dire au Dieu juste au moment du jugement : donnez-moi le don que vous avez promis, car j’ai fait ce que vous avez ordonné. »
Lesio, s.j. :
De predest., sect. 6, assert. 5, numéro 160.
« Le fait que ce nombre soit si réduit ne s’explique pas par la prédestination en elle-même ; car n’importe quel nombre plus important est à la mesure du règne de Dieu. Tous les hommes peuvent être pierres de ce palais et membres de ce corps, citoyens de cette Jérusalem céleste, invités à ces noces éternelles ; pour cela ne font défaut ni une suffisante étendue pour le palais, ni de justes proportions pour le corps, ni une foule assez nombreuse pour la cité ni le juste nombre des invités. Mais la raison pour laquelle le futur nombre (des élus) est si réduit se trouve dans la négligence et la folie des hommes qui préfèrent prendre la voie large conduisant à la perdition et jouir des commodités de cette vie plutôt que prendre la voie étroite qui conduit au salut ; ceux qui sont invités aux noces célestes s’excusent, préférant les affaires humaines, les avantages et plaisirs temporels comme Notre Seigneur le montre très nettement dans l’Evangile. »
Vasquez , s.j. :
Principia et Documenta vitae Christianae, tome III, bib. I, p. 3, cap. 27.
«Les réprouvés sont plus nombreux que les prédestinés. D’une manière générale, le nombre des réprouvés et de ceux qui se damnent est plus grand que celui des prédestinés et de ceux qui se sauvent ; l’Ecriture le montre clairement en Mt. VII, 13 : « elle est étroite … etc. ” et à plusieurs reprises en d’autres passages. Sans doute, si l’on ne considère que les fidèles, le doute subsiste au sujet de la proportion de damnés parmi eux : sont-ils le plus grand ou le plus petit nombre ? Certains croient pieusement que le plus grand nombre des fidèles se sauvent puisque la majorité d’entre eux quittent cette vie après avoir reçu les sacrements de l’Eglise et que nous considérons comme probable le salut de la plupart de ceux-là. En confirmation de cette opinion peut être citée la parabole (Mat. XII) dans laquelle, parmi tous les invités aux noces (qui représentent les fidèles), on n’en trouve qu’un qui n’est pas ravétu de la robe nuptiale. D’autres pensent que la majeure partie des fidèles se damnent, opinion que partagent saint Grégoire, saint Augustin, etc. A l’appui de cette opinion peut être citée la parabole du semeur (Luc, VIII) : Ia semence est divisée en quatre parties ; une seule d’entre elles porte du fruit. Qu’une seule de ces parties fructifie semble indiquer qu’un nombre réduit de fidèles se sauvera. Sont en faveur de cette opinion Lyrano et la Glose intercalée en ce passage de saint Matthieu. »
Cardinal Goti :
Théol. Schol. Dogm. Tract. VI De Deo provisore. Quest. IV De Reprob. Dub. 3 n. XVI.
A la question : « le nombre des réprouvés est-il plus grand que le nombre des prédestinés ? », il répond affirmativement avec son maître saint Thomas ; et il cite les textes habituels. Il ajoute :
« Combien d’idôlatres, combien d’impies nous montre l’Ecriture dans le peuple israélite ! Depuis la venue du Christ, ceux qui s’occupent du Christ constituent une partie minime de l’humanité ; de telle sorte que, sur les quatre parties du monde, on n’en trouve pas une seule qui soit intégralement chrétienne. Parmi les chrétiens, une partie est schismatique ou hérétique. Parmi les catholiques, si l’on passe en revue leurs divers états de vie, combien trouve-t-on de méchants ! Qu’ils sont peu nombreux ceux qui observent entièrement la loi de Dieu, observance sans laquelle on n’obtient pas la vie éternelle ! C’est pourquoi David parle ainsi de son temps : (Ps. 14, 3) « Tous ensemble se sont égarés, ils se sont corrompus, il n’en est pas qui fasse le bien, pas même un seul. »
Billuart :
De Deo Diss. IX art VII.
« Ceux qui se sauvent sont moins nombreux que ceux qui se damnent, comme le dit saint Augustin au livre 2 de l’oeuvre incomplète contre Julien, c. 142, où figure ce verset (Mt. 20, 16) : « Beaucoup sont appelés et peu sont élus ». C’est évident car les chrétiens sont moins nombreux que les infidèles. Et parmi les chrétiens, combien d’hérétiques, étrangers à la communion de l’Eglise, hors de laquelle il n’y a pas de salut ! C’est un point de dispute entre théologiens de savoir si vraiment, parmi les catholiques, le nombre des prédestinés est moindre que celui des réprouvés ; des deux côtés les bases sont incertaines ; nous laisserons donc de côté comme douteuse la réponse à cette question. »
Louis Molina , s.j. :
In D. Thom. Part. I q. 23, art. 7.
« Je vois l’efficacité de la Passion, des mérites du Christ, des Sacrements ; mais je considère aussi la multitude des péchés et donc le peu de zèle que mettent les hommes à faire leur salut, la paresse pour ne pas dire le peu de préparation avec lesquels ils s’approchent des Sacrements ; et je redoute fort que la majeure partie des fidèles soit composée plutôt de réprouvés que de prédestinés, surtout si l’on se rappelle qu’un seul péché mortel suffit pour la mort éternelle. »
Saint Pierre Julien Eymard :
La Divine Eucharistie : Extraits des écrits et des sermons du Vénérable P.J. Eymard. éditions Desclée de Brouwer, p. 276-277.
« Or, comment se fait-il que Dieu, qui est si bon, puisse condamner à l’enfer éternel une de ses créatures qu’il a faites dans l’amour, un de ses enfants qu’il a tant aimés ? Il est pourtant vrai , qu’après la mort, il est sans miséricorde ! Il y a peu d’élus, a-t-on dit ; des deux chemins qui conduisent l’un à la vie et l’autre à la mort, le premier est peu suivi, le second couvert de monde : d’après ces paroles, la majeure parrtie des hommes serait damnée. Quand l’Evangile ne le donnerait pas à entendre, ce que nous voyons parlerait assez fort pour le faire craindre. »
Saint Jean d’Avila :
oeuvres spirituelles, Tome I pages 393-398.
« réveillons-nous, pères, reveillons-nous sous l’effet de ce coup de tonnerre si puissant :
des prêtres de Dieu vont en enfer !
Le Seigneur nous supporte et se tait, attendant que nous fassions pénitence ; que sa miséricorde nous délivre davantage du risque d’encourir sa colère comme ce serviteur qui aurait utilisé, pour pécher davantage, le temps qui lui aurait été accordé pour faire pénitence. Il saura très exactement, car Il est très sage ; Il pourra, car il est tout-puissant et ne connaît personne qui Lui résiste ; comme Il est très juste, Il voudra châtier ce serviteur soit en le laissant mourir sans pénitence véritable bien qu’il ait, pour la faire, les conditions voulues de temps et de lieu, soit en le faisant périr subitement alors qu’il parle ou fait autre chose.
Baissons la tête, Pères ; que nos visages se couvrent de confusion ; qu’une épine de douleur perce notre coeur ; demandons pardon à Dieu et au monde : à Dieu pour ne pas L’avoir servi conformément à la situation très élevée et pleine d’honneur dans laquelle Il nous a mis ; au monde pour ne pas lui avoir évité de nombreux maux ni procuré de nombreux biens ; si nous avions été ce que nous devions être, nous l’aurions délivré du mal par notre prière et nos sacrifices et lui aurions obtenu beaucoup de bien pour le corps et l’âme. C’est ainsi, Pères, c’est ainsi ; si ce point était bien compris, nous n’irions pas perdre du temps en futilités, nous n’oserions pas prononcer des paroles oiseuses ni garder les yeux en l’air, nous ne donnerions pas prise à d’autres soucis, car celui-là nous tiendrait tellement à coeur que, pour en tenir compte suffisamment, nous lâcherions les autres choses…
Efforçons-nous de remplir cet office très digne et très saint avec toute la diligence dont sera capable notre faiblesse, aidée par la grâce du Seigneur ; car en user sans aucun respect, – comme le font bien des personnes pour qui se prépare la damnation éternelle, comme ces gens méprisent le plus grand ministère, le plus grand office qui soit sur terre – est une chose ; et c’en est une autre de voir un prêtre qui, s’il ne passe pas les nuits en prière, consacre au moins à la prière des parties déterminées de son temps. Ne pas tenir compte de ce que dit la conscience ou en tenir compte de manière négligeable est une chose; c’en est une autre d’avoir des moments fixés pour s’examiner et se juger, de conserver régulièrement le souci de ne pas offenser mortellement le Seigneur avant de progresser de bien en mieux, bien qu’en ce domaine on n’obtienne pas ce qu on désire… »
Saint Ignace de Loyola :
Exercices Spirituels, 2ème semaine, 1ère contemplation :
« Je verrai et je considérerai les trois personnes de la Sainte Trinité, assises sur le trône royal de la divine Majesté ; comme elles regardent tout cet univers et les nations plongées dans un aveuglement profond, et comme elles voient les hommes mourir et descendre en enfer. »
Saint Louis de Grenade :
Le Guide des pécheurs, Livre I, troisième partie, ch. 26, p. 309.
« C’est une chose normale et habituelle que celle dont parle l’Apôtre [saint Paul] II Cor. XI, 15 :
« la fin des méchants sera conforme à leurs œuvres » ;
il donne à entendre par là que
la bonne vie est, d’une manière générale, suivie d’une bonne mort,
et la mauvaise vie, d’une mauvaise mort.
Que ceux qui firent de bonnes oeuvres aillent à la vie éternelle
et ceux qui en firent de mauvaises aillent au feu éternel,
c’est chose habituelle aussi :
les Livres Sacrés répètent cette leçon à chaque page.
les Psaumes la chantent,
les Prophètes la disent,
les Apôtres l’annoncent,
les Evangiles la prêchent.
Le prophète David la résume en peu de mots :
“Dieu parla, et je L’entendis dire deux choses ; qu’Il avait puissance et miséricorde et qu’il donnait ainsi à chacun selon ses oeuvres.”
Tel est le résumé de toute la philosophie chrétienne. Que le juste comme le méchant reçoivent à la fin de leur vie ce qu’ils ont mérité selon leurs œuvres,voilà donc ce que nous disons.
Mais en dehors de cette loi universelle, Dieu peut, pour sa propre gloire, user de grâce spéciale à l’égard de quelques-uns et donner la mort des justes à ceux qui ont mené une vie de pécheurs ; autre éventualité : que vienne à mourir comme pécheur, par un secret jugement de Dieu, celui qui aurait vécu comme juste ; tel le navigateur dont le voyage fut heureux d’un bout à l’autre et que la tempête saisit a l’entrée du port. »
Voici un point que les ministres de la parole de Dieu devraient considérer, eux qui souvent, faute de bien voir à qui ils s’adressent, donnent occasion aux méchants de persévérer dans leurs péchés. Ils devraient observer ceci : plus on donne de nourriture à des corps malades, plus on leur nuit ; de même, plus on soutient, par cette espèce de confiance, les âmes obstinées dans le péché; plus on leur donne de motifs pour continuer leur vie mauvaise. »
Saint Antoine Marie Claret :
« Je me dis souvent :
il est de foi qu’il y a un ciel pour les bons et un enfer pour les mauvais ;
il est de foi que les peines de l’enfer sont éternelles ;
il est de foi qu’il suffit d’un seul péché mortel pour offenser un Dieu infini.
Me rendant compte que ces principes sont très sûrs,
voyant la facilité avec laquelle on pèche – aussi facilement que si l’on buvait un verre d’eau, comme pour rire ou par diversion –
voyant la multitude qui est continuellement en état de péché mortel
et va ainsi à la mort et en enfer,
je ne puis rester en repos, je sens que je dois courir et crier et je me dis :
Si je voyais quelqu’un tomber dans un puits ou dans un brasier, je courrais certainement et je crierais pour l’avertir et l’empêcher de tomber ?
Pourquoi n’en ferais-je pas autant pour empêcher quelqu’un de tomber dans le puits et le brasier de l’enfer ?
Je ne puis comprendre comment les autres prêtres qui croient aux mêmes vérités que moi – vérités que tous doivent croire – ne font ni prêches ni exhortations pour empêcher les gens de tomber en enfer.
Je m’étonne même que les laïcs, hommes et femmes, qui ont la foi ne crient pas, et je me dis : si une maison se mettait à brûler de nuit, ses habitants et les autres habitants du quartier étant endormis et ne voyant pas le péril, le premier qui s’en apercevrait ne courrait-il pas dans les rues en criant : au feu ! au feu ! dans telle maison ? Alors, pourquoi ne pas crier au feu de l’enfer pour réveiller tant de dormeurs assoupis dans le sommeil du péché et qui, au réveil, se trouveront dans les ffammes du feu éternel ? » Cf. Autobiographia, II, 11, 2-3-4.
« Ce qui m’oblige également à prêcher sans arrêt c’est de voir la multitude d’âmes qui tombent en enfer, car il est de foi que tous ceux qui meurent en état de péché mortel se damnent. Hélas ! chaque jour meurent quatre vingt mille personnes selon des calculs approximatifs ; et combien mourront en état de péché, combien se damneront ? Car talis vita, finis ita ! Telle vie, telle mort.
Et quand on voit comment vivent les gens, quand on les voit en très grand nombre vivre de façon stable et habituelle en état de péché mortel, on peut dire qu’il ne se passe pas de jour sans qu’augmente le nombre de leurs fautes. Il pèchent aussi facilement qu’on boit un verre d’eau, comme par jeu et pour rire. Ces malheureux vont de leur propre mouvement enfer, selon ce que dit le prophète Sophonie 1, 17 : ils marcheront comme des aveugles parce qu’ils ont péché contre le Seigneur
Peut-être me direz-vous que le pécheur ne pense pas à l’enfer et même n’y croit pas. Situation pire encore. Vous pensez peut-être que le pécheur cesse, pour ce motif, de se damner ? Non, certainement pas ; au contraire, c’est là un signe plus clair de sa damnation d’après l’Evangile : Qui ne croit pas sera condamné, citation de l’Evangile selon saint Marc, chapitre 16, verset 16. Et comme le dit Bossuet, cette vérité est indépendante du fait qu’on y croit ; celui qui ne croit pas à l’enfer ne manquera pas pour autant d’y aller s’il a le malheur de mourir en état de péché mortel ; et ceci bien qu’il ne croie pas à l’enfer et n’y pense pas. » Cf. Autobiographia, XI, 205-6-10
Saint André Avelin :
Lettre II, p. 629-630.
« Par la grâce de Dieu, imitons nos fondateurs qui suivirent le Christ : entrez par la porte étroite qui conduit à la vie éternelle. Entrons par cette porte et montrons-la aux autres par notre conduite d’abord, par la parole ensuite… Oh ! combien de confesseurs et de prédicateurs vont en enfer – vont chez le démon – pour avoir enseigné la voie large, dans leur souci de popularité, et pour n’avoir pas fait ce qu’ils prêchaient ! Qui autem fecerit et docuerit hic magnus vocabitur in regno coelorum. »
Dom Guéranger :
Année Liturgique. Mardi de Sexagésime, cette citation ne concerne pas exactement le nombre des élus.
« Sans doute les justes sont maintenant plus nombreux qu’aux jours de Noë ; oui, des chrétiens fidèles se rencontrent sur la terre, le nombre des élus se complète chaque jour ; mais la multitude vit dans la disgrâce de Dieu et mène une conduite en contradiction avec sa foi.
Saint Jean-Marie Vianney :
Voici quelques citations des sermons de saint Jean-Marie Vianney, le saint Curé d’Ars, par lesquelles, il explique clairement que la majeure partie des chrétiens se damnent :
Chacun doit entrer où Dieu l’appelle, et nous pouvons dire que le plus grand nombre de chrétiens se damnent parce qu’ils ne suivent pas leur vocation, soit en ne la demandant pas à Dieu ou en se rendant indigne de la connaître par leur mauvaise vie.
cf. Tome 1, Sermon du 2ème DIMANCHE APRÈS L’ÉPIPHANIE, sermon sur le Mariage
Mais, me direz-vous, tous ceux qui se confessent, qui font leurs Pâques et qui communient souvent, ne seront-ils pas sauvés ? – Assurément, mon ami, ils ne le seront pas tous ; car si le plus grand nombre de ceux qui fréquentent les sacrements étaient sauvés, il faut bien en convenir, le nombre des élus ne serait pas aussi petit qu’il le sera. Mais, cependant, reconnaissons-le ; tous ceux qui, auront le grand bonheur d’aller au ciel seront choisis parmi ceux qui fréquentent les sacrements, et jamais parmi ceux qui ne font ni Pâques ni confessions. Ah ! me direz-vous, si tous ceux qui ne font ni Pâques, ni confessions sont damnés, le nombre des réprouvés sera bien grand ! – Oui, sans doute, il sera grand. Quoique vous puissiez en dire, si vous vivez en pécheurs, vous partagerez leur sort. Est-ce que cette pensée ne vous touche pas ?… Si vous n’êtes endurci au dernier degré, elle doit vous faire frémir et même désespérer. Hélas ! mon Dieu ! qu’une personne qui a perdu la foi est malheureuse ! Bien loin de profiter de ces vérités, ces pauvres aveugles, au contraire, s’en moqueront ; et cependant, malgré tout ce qu’ils peuvent en dire, cela sera tel que, je le dis : point de Pâques, ni de confessions, point de ciel, ni de bonheur éternel. O mon Dieu ! que l’aveuglement du pécheur est affreux ! cf. tome 3, Sermon du 18ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE, Sur la Tiédeur
Ô mon Dieu ! que le nombre de ceux qui entreront dans le royaume des cieux est petit, puisqu’il y en a si peu qui font ce qu’ils doivent pour le mériter ? (…)
Hélas ! Mes frères, que le nombre de ceux qui sont pour le ciel est petit, puisqu’il n’y a que ceux qui combattent continuellement et vigoureusement le démon et leurs penchants, et qui méprisent le monde avec toutes ses railleries !
cf. Tome 1, Sermon du 2ème DIMANCHE DE L’AVENT sur le respect humain
un grand nombre se damnent parce qu’ils se confessent sans changer de vie
Sermon du 13ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE, Sur l’Absolution :
Il pardonna à saint Pierre, dont il connaissait le repentir ; mais il abandonna Judas, dont la pénitence était fausse. Qu’il est malheureux pour un prêtre et pour un pénitent, si le prêtre lui donne l’absolution, lorsque le pénitent ne la mérite pas ! si, dans le moment où le ministre dit au pénitent : Je vous absous, Jésus-Christ dit : Moi, je le condamne… Hélas ! que le nombre de ceux-là est grand, puisqu’il y en a si peu qui quittent le péché après avoir reçu l’absolution, et changent de vie !
que de chrétiens sont damnés pour avoir méprisé leurs anges gardiens ! Quels reproches à l’heure de la mort, lorsque, implorant son secours, il nous dira, ainsi qu’à ce moribond dont il est parlé dans l’histoire : « Va, malheureux, tu n’as eu que du mépris pour moi, aussi le bon Dieu m’a commandé de t’aban-donner à la puissance des démons, dont tu as été le fidèle serviteur. » Hélas ! mon Dieu, que le nombre de ces gens est grand ! cf. tome 4, Sermon du 2 OCTOBRE, en la FÊTE DES SAINTS ANGES GARDIENS
[Damnation de religieux d’après la Vie de sainte Madeleine de Pazzi, citation fait par le saint Curé d’Ars] :
Il est rapporté dans la vie, de sainte Madeleine de Pazzi que Dieu lui fit voir un grand nombre de religieux qui brûlaient dans un étang de feu, en lui disant qu’ils avaient mérité ce malheur pour avoir abusé des récréations que la règle leur accordait. « O âmes, s’écriait-elle en pleurant amèrement, vous qui êtes encore sur la terre, tremblez sur le temps que vous n’employez pas uniquement pour le bon Dieu ! » Le démon disait à saint Dominique qu’il gagnait. beaucoup dans le lieu où ses religieux prenaient la récréation, et cependant ces religieux étaient très austères . Hélas ! si quelques moments perdus sont si sévèrement punis, que pouvons-nous dire de ces danses et de ces débauches, où il se commet tant de crimes, et où tant d’âmes sont livrées au démon
cf. tome 4, SERMON POUR LA FÊTE DU SAINT PATRON
Beaucoup citent cette anecdote selon laquelle, le saint curé d’Ars aurait dit à une veuve dont le mari se serait suicidé, “qu’entre le pont et l’eau, il y aurait une éternité”, sous entendu que, bien qu’il se jetta du pont en état de péché mortel avec l’intention de se suicider, durant sa chute, Dieu lui aurait fait la grâce de regretter son acte et de ce fait d’échapper à la damnation éternelle.
Cette anecdote est inventée, on ne la trouve nulle part dans la biographie du saint curé d’ars, rédigée par Mgr Trochu. En Revanche, on trouve dans cette biographie très connue (sans doule la vie la plus connue de saint Jean-Marie Vianney, encore rééditée de nous jours) les faits suivant : une veuve dont le mari s’était suicidé d’un coup de rasoir, en se rasant le matin, vient trouver le curé d’ars pour lui demander si son défunt mari, mort et enterré depuis plus de vingt ans, est en enfer ou au purgatoire. Le saint curé d’Ars lui répond qu’il est sauvé. Il ne nous parait pas extraordinaire qu’une épouse fervente catholique, avec toute une vie de sainteté et de prières puisse obtenir le salut de son mari, mauvais chrétien et suicidé. Dieu est infiniment miséricordieux et dans sa miséricorde, il a permis à cet homme de se marier avec une épouse sainte mais faire passer le curé d’Ars comme le tenant de l’opinion selon laquelle la majorité des chrétiens iraient au Ciel nous semble une erreur importante, (cf. notamment le père Jean-Marc Bot, Osons Reparler de l’Enfer, éditions de l’Emmanuel, Paris, 2002, p.142-143 : “le nombre des hommes sauvés est très grands (…) il dépasse celui des réprouvés (…) C’était aussi l’opinion du saint curé d’ars”.) Il est facile, au vu des citations faites plus haut, que cette affirmation est parfaitement fausse.
Sermon de saint Jean-Marie Vianney, le saint curé d’Ars, édition Vitte et Perrussel, Lyon, 1883.
Léon XIII sur l’autorité des Pères de l’Eglise :
Encyclique Providissimus Deus. De Studiis scrip. Sacr. 18 nov. 1893.
« l’autorité des Saints Pères, « par lesquels après les apôtres la Sainte Eglise a grandi par les pasteurs qui l’ont plantée, irriguée, construite et nourrie (Saint Augustin, Contre Julien, II, 17, 37.) » est très grande, à chaque fois qu’ils interprètent tous ensemble et de la même manière quelque passage de la Bible se rapportant à la doctrine de la foi et des mœurs : car à partir de leur convergence il apparaît clairement que leur interprétation a été transmise selon la foi catholique par les apôtres.
L’opinion de ces mêmes pères en vérité doit être ainsi grandement estimée alors que les pères s’acquittent de cette fonction d’enseignement de la foi à propos de ces choses de manière presque privée : puisque ceux que recommandent fortement non seulement leur science de la doctrine révélée mais aussi leur connaissance d’une multitude de choses qui sont utiles à la connaissance des livres apostoliques, Dieu lui même en vérité a aidé ces hommes illustres par la sainteté de leur vie et leurs efforts vers la vérité des secours très grands de sa lumière.
C’est pourquoi l’interprète sait qu’il lui appartient de poursuivre jusqu’à leurs traces avec un très grand respect et de profiter de leurs travaux par un choix intelligent.»
Comme cela apparaîtra de manière surabondante au lecteur attentif, un sorte de concile des anciens pères de l’église s’est constitué dans lequel c’est par un consensus unanime que l’on décide : qu’il y a un plus grand nombre dans le genre humain qui est condamné aux supplices éternels que d’hommes qui obtiennent le salut éternel ; -chose terrible à dire, mais utile à savoir, afin que personne ne s’égare et que cette chose puisse aussi être d’une très grande consolation au petit nombre de ceux qui luttent pour vivre avec peu de biens ; c’est une marque de prédestination insigne de conformer sa vie à une vie comportant peu de biens.
Docteurs de l’église catholique
Pères de l’église catholique
§ 2 les Pères de l’église p.79
Commence une série de témoignages des saints pères de l’église. C’est pourquoi il est utile au départ de rappeler ce que le saint père Léon XIII de très sainte mémoire a affirmé récemment au sujet de l’autorité des pères de l’église :
« l’autorité des saints pères, « par lesquels après les apôtres la Sainte Eglise a grandi par les pasteurs qui l’ont plantée, irriguée, construite et nourrie (Saint Augustin, Contre Julien, II, 17, 37.) » est très grande, à chaque fois [dans la mesure où] qu’ils expliquent [ développent, exposent, interprètent] tous ensemble et de la même manière quelque témoignage biblique [passage de la Bible] se rapportant à la doctrine de la foi et des mœurs : car à partir de leur convergence [de leur accord] il apparaît clairement qu’ainsi cela a été transmis selon la foi catholique par les apôtres.
L’opinion de ces mêmes pères en vérité doit être ainsi grandement estimée alors que les pères s’acquittent de cette fonction d’enseignement de la foi à propos de ces choses de manière presque privée : puisque ceux que recommandent fortement non seulement leur science de la doctrine révélée mais aussi leur connaissance d’une multitude de choses qui sont utiles à la connaissance des livres apostoliques, Dieu lui même en vérité a aidé ces hommes illustres par la sainteté de leur vie et leurs efforts vers la vérité des secours très grands de sa lumière.
C’est pourquoi l’interprète sait qu’il lui appartient de poursuivre jusqu’à leurs traces avec un très grand respect et de profiter de leurs travaux par un choix intelligent. » ( Encyclique Providissimus Deus. De Studiis scrip. Sacr. 18 nov. 1893).
Comme cela apparaîtra de manière surabondante au lecteur attentif, un sorte de concile des anciens pères de l’église s’est constitué dans lequel c’est par un consensus unanime que l’on décide : qu’il y a un plus grand nombre dans le genre humain qui est condamné aux supplices éternels que d’hommes qui obtiennent le salut éternel ; chose terrible à dire, mais utile à savoir, afin que personne ne s’égare et que cette chose puisse aussi être d’une très grande consolation au petit nombre de ceux qui luttent pour vivre avec peu de biens ; c’est une marque de prédestination insigne de conformer sa vie à une vie comportant peu de biens.
Qu’il soit permis parfois pour avertir les prêtres et les séminaristes de conclure ainsi par les paroles d’une lettre synodale des évêques de Gaule et de Germanie aux évêques d’Espagne :
« Maintenez vous à l’intérieur des bornes des saints pères et n’agitez pas de nouvelles questions mineures, elles ne servent à rien, si ce n’est à bouleverser les auditeurs. Qu’il vous suffise de suivre les traces des saints pères et de vous en tenir avec une foi ferme à leurs paroles. Ceux-ci furent dans le Seigneur nos docteurs dans la foi et nos guides vers la vie. » (Harduin. Tome IV. Coll. 895. Ed. Paris)
Saint Bernard D.E. (+ 1153)
Celui-ci suppose que cette opinion commune et très connue dans son troisième sermon de la vigile de la Nativité du Seigneur : « Quel fidèle, qui n’est chrétien que de nom, ignore que le Seigneur viendra, qu’il va venir juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres ? [ Même ceux qui ne sont fidèles que de nom le savent] Cette connaissance n’est pas partagée par tous, mes frères, mais elle est partagée par un petit nombre : un petit nombre en effet, -parce qu’en vérité il y en peu qui se sauvent. »
Honorius Augustodunus (+1152)
Evêque de Reicherspens
« Tous dans le désert sont accablés et deux seulement sont entrés avec la multitude des fils d’Israël…Ceux qui sont accablés dans le désert sont la multitude de ceux qui étant appelés n’ont pas voulus venir ; les deux qui sont entrés sont actifs et contemplatifs, qui animés d’un amour égal entreront dans le repos du Seigneur. »
Rupert xxxxx (+1135)
« Il y en a beaucoup qui sont appelés et peu qui sont élus, c’est à dire beaucoup sont dans l’église présente, donnant leurs noms, sont inscrits dans le livre de la confession de la foi, mais peu, cela est fortement à craindre, vont échapper au déluge du Jugement. »
Cardinal (+1132)
« Après Sa résurrection seuls les bons qui sont peu nombreux virent le Christ peu de temps. De la même manière seuls les bons auront la gloire de la résurrection future…Et ils seront peu nombreux en comparaison du nombre des mauvais. Car, comme Il le dit lui même dans l’Evangile : « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »
25 Vene (+1130)
Ce pieux archevêque dans son sermon pendant la septuagésime commente ainsi les paroles célèbres de saint Paul : « Ne savez-vous pas que tous ceux qui courent dans le stade concourent, mais un seul reçoit la récompense ; ainsi concourez afin de remporter la palme. »-« En effet la disposition du stade qui a été mesuré pour ceux qui concourent signifie le terme de la vie présente qui nous a été donnée pour la course de notre salut comme le Seigneur nous le dit et nous en avertit : « Cours, malheureux, hâte toi, pendant que tu en as le temps, afin que tu ne périsses pas dans la mort…
« Parce que dans la grande multitude d’athlètes qui concourent, un seul obtient la récompense, pour les autres qui ont concouru en vain, en ce qui nous concerne, frères très chers, il est fort à craindre que nous ne soyons tous dépassés par un seul alors que nous nous sommes disposés à courir pour la couronne. D’où l’Apôtre nous avertit : « Ainsi concourez afin de remporter la palme. »
26 (+1126)
Werner qui par une érudition absolument excellente a brillé par l’intégrité de sa vie au XIIème siècle : « Beaucoup sont appelés, etc. « -« Ceci dit-il ne concerne pas les saints supérieurs, mais le peuple, parce que nombreux sont ceux qui vont à la foi, nombreux sont ceux qui remplissent l’église, mais peu sont ceux qui parviennent au Royaume…Parce que beaucoup tant parmi les derniers que les premiers sont réprouvés, on est soumis à la terrible sentence : « Beaucoup sont appelés » à la foi, « peu sont élus « au Royaume ». Werner dispose ces affirmations dans son livre 1 Du butinage du miel des oeuvres des différents pères et de la doctrine des autres docteurs orthodoxes ; dans ce livre on entend l’intégralité de la vénérable tradition des douze premiers siècles.
27 Saint Bruno
L’abbé et évêque du Mont Cassin dit les choses suivantes dans son commentaire sur saint Matthieu P.2 C.7 : « si quelqu’un dit : cette route est étroite, ces commandements sont d’observation très difficiles, il le soumet en disant : « efforcez vous d’entrer… » et la voie, dit-il, est resserrée et la porte étroite ; c’est pourquoi elle est trouvée par un petit nombre d’hommes : cependant c’est cette voie et cette porte par laquelle on parvient à la vie éternelle. « peu sont ceux qui se sauvent, en comparaison de ceux qui se damnent. »D’où le Seigneur dit ailleurs : « Beaucoup sont appelés, peu sont élus ». Ce chemin et cette porte qui conduisent à la perdition est très ouvert et très large et pour cela beaucoup d’hommes s’y engagent.
« Jeûner, veiller, s’abstenir des désirs de la chair et de toutes les voluptés, ne pas accomplir sa propre volonté, à qui cela ne semble t il pas étroit et resserré ?
« Et vraiment, manger et boire en abondance, et de manière raffinée, obéir à tous les désirs de la chair et à toutes les voluptés ne s’opposer en rien à sa propre volonté, à qui cela ne semble t il pas large et grand ?
« Beaucoup marchent sur ce chemin, beaucoup entrent par cette porte. Mais où pénètrent-ils ? – Dans la cité de la perdition complète, la société de la mort, la prison des angoisses et le lac de toutes les misères. »
Et au sujet de Matthieu chapitre XX : « ce qui suit : « beaucoup sont appelés, peu sont élus, »- il montre qu’il y en a très peu qui se sauvent, en comparaison de ceux qui à chaque heure sont appelés. »
Egalement à propos de Matthieu XXII : « Beaucoup sont appelés, peu sont élus : »- dit il « Beaucoup sont appelés aux noces, peu sont introduits dans la chambre nuptiale et dans la gloire. »
Dans le premier livre des sentences, chapitre II, de l’arche de Noé : « cet arche est la Sainte Eglise en dehors de laquelle personne n’est sauvé ; celui qui y aura été trouvé au jour de la vengeance ne périra pas. Maintenant il semble qu’il y en ait beaucoup qui se trouveront alors en dehors d’elle…Les méchants sont beaucoup plus nombreux que les bons ; ils sont plus nombreux ceux qui recherchent les biens terrestres que ceux qui recherchent les biens célestes. Etroit est le chemin qui conduit à la vie ; large est celui qui conduit à la perdition. »
28 (+1122)
Dans son chapitre 42, du salaire des ouvriers de la vigne, il applique la parabole à l’humanité entière et ne la restreint pas aux juifs et aux chrétiens. Et finalement, il s’exprime ainsi : « beaucoup sont appelés à la foi, peu acquiescent. »
Ici il s’agit de la foi vivante qui s’accompagne de l’observation des commandements jusqu’à la fin et du respect de la robe nuptiale c’est à dire baptismale jusqu’au jour du jugement.
« Faisons attention dit il et redoutons, qu’après l’absolution du divin baptême ayant perdu la vie de la grâce, nous ne souillions notre âme ce qui non seulement nous fera exclure des noces, mais aussi être précipité dans un supplice épouvantable. Nous devons prendre soin de notre robe intérieure et non de notre robe extérieure. Beaucoup sont en effet appelés, peu sont élus. Le Christ a dit aussi cela à la fin de la parabole du salaire des ouvriers de la vigne. »
29 Saint Anselme de Canterbury (+1109), docteur de l’église
Dans sa lettre à Odon et Lanzon :
« Nous pouvons tous être certains que parmi les nombreux appelés il y en a peu qui sont élus, puisque c’est la Vérité elle même qui a parlé.
Mais nous sommes tous dans l’incertitude du nombre exact des élus, puisque la Vérité s’est tue.
C’est pourquoi quiconque ne vit pas encore comme le petit nombre ou ne corrige pas sa vie, qu’il se place tout de suite lui même parmi le petit nombre des élus ou qu’il craigne avec certitude sa réprobation.
Celui qui s’estime faire déjà partie du petit nombre des élus, qu’il ne soit pas assuré à 100% de la sécurité de son élection. Puisque, comme nul d’entre nous ne sait à quelle petitesse se réduit le nombre des élus, personne ne sait parfaitement s’il en fait déjà partie, il est déjà permis d’être semblable au petit nombre, parmi les nombreux appelés. »
Cette idée fut tellement familière au saint docteur qu’il la répète souvent, fermement et dans les mêmes termes. Ainsi à quelques moines : [latin Monachos Beccenses]
« Nous pouvons tous être certains que parmi les nombreux appelés il y en a peu qui sont élus, puisque c’est la Vérité elle même qui a parlé… », etc.
Et à sa consœur en religion, Ida : « Amie très chère en Dieu ! Le Seigneur dit : « beaucoup sont appelés, peu sont élus. » Ne soit donc jamais certaine de devoir être comptée parmi les élus tant que tu vivras, bien qu’ il y en ait peu à qui une vie comme la tienne puisse être comparée
Origène, père de l’église : « Maintenant que nous nous sommes multipliés, comme il est difficile que beaucoup soient vraiment bons et impossible que la parole de Jésus -beaucoup d’appelés et peu d’élus ne se vérifie pas ! De tant de personnes qui professent la foi chrétienne, on en trouve peu qui aient une foi véritable, et qui soient dignes de la béatitude. »
Hom. IV. in Jer.
Origène (+294)
Dans son commentaire sur saint Matthieu,
Les invités aux noces : «parce que plusieurs [de nombreux] sont invités, absolument aucun n’est trouvé digne (c’est à dire au banquet céleste), il ajoute ceci à la parabole : « beaucoup en effet sont appelés. » – et à cause de ceux qui, entrés à la salle des noces, comme leur nombre est petit ce sont allongés pour manger, il dit cela : « peu en vérité sont élus. »
« Parce que si quelqu’un considère les assemblées nombreuses dans les églises et combien mènent une vie et droite et pieuse et se sont convertis à la nouvelle loi et à l’inverse combien vivent mollement et vivent comme la plupart des gens [se conforment à ce siècle] , alors seulement il verra l’utilité de cette parole prononcée par le Sauveur : « Beaucoup en effet sont appelés, mais peu sont élus.»
« Ailleurs il a été dit : « Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas ; » et : « efforcez-vous de rentrer par la porte étroite, parce qu’il y en a peu qui la trouveront. »
Et la IVème homélie sur Jérémie : « En prenant le critère de la foi et de la vérité, nous considérons, non la multitude mais la volonté des hommes. Nous ne voyons pas l’assemblée elle-même mais nous découvrons qu’il est difficile de trouver la véritable foi dans une telle masse de gens dans les églises. Alors il y avait vraiment des fidèles quand les martyrs étaient frappés à mort, qu’ils subissaient une mort cruelle, les repentants revenaient à l’église ; il y avait la multitude des gens qui se lamentaient quand les catéchumènes qui venaient de recevoir la foi étaient conduits immédiatement au martyre pour être frappés à mort : quand les femmelettes et le sexe faible demeuraient intrépides jusqu’à la mort.
Alors en vérité se produisaient des signes dans les cieux, et des prodiges sur la terre, alors les chrétiens étaient peu nombreux mais ils étaient vraiment fidèles, lorsqu’ils passaient par la porte étroite et resserrée qui conduit à la vie. Maintenant que nous sommes devenus plus nombreux, comme il est difficile que beaucoup soient vraiment bons et Jésus ne ment pas en disant : Beaucoup sont appelés, peu sont élus. De tant de personnes qui professent la foi chrétienne, on en trouve peu qui aient la foi véritable, et qui soient dignes de la béatitude. »
Cornelius a Lapide , s.j. :
Commentaria in Scripturam Sacram , Paris, éd. Vivès, commentaire de l’épître de saint Jacques, chap. II, I a.
« Certains soutiennent, d’après Bède, l’opinion suivante : ceux qui sont sauvés par la miséricorde de Dieu, sans doute faut-il entendre par là ceux qui ont fait miséricorde, sont plus nombreux que ceux qui sont condamnés par son jugement; les élus sont plus nombreux que les réprouvés.
Ceci est vrai pour les anges : ceux qui restèrent fidèles sont en effet plus nombreux que ceux qui tombèrent.
Pour les hommes, c’est faux. Il est certain en effet que la partie de beaucoup la plus nombreuse des hommes se damne, si l’on compte tous les hommes absolument, y compris les païens, les musulmans et les hérétiques.
La raison et l’autorité semblent indiquer que, parmi les chrétiens adultes, le nombre des damnés est plus grand que celui des élus.
La raison, car la partie de beaucoup la plus grande des chrétiens vit en état de péché mortel: suivant la règle de saint Augustin, on meurt comme on a vécu ; de sorte qu’il est rare que celui qui vit mal meure bien, et inversement. On dira que tous reçoivent les Sacrements à la fin de leur vie.
Je réponds : pas tous, car beaucoup meurent sans sacrements dans les combats, sur les navires, dans les montagnes, dans la campagne, etc.
Même parmi ceux qui les reçoivent, beaucoup les reçoivent mal et n’expient donc pas leurs péchés : beaucoup en effet souffrent d’une ignorance crasse en ce qui concerne les articles de foi qu’il faut connaître et auxquels il faut croire explicitement, ainsi qu’en ce qui concerne les Sacrements ;
ils ignorent en particulier qu’il faut le ferme propos de ne plus pécher pour être capable de recevoir l’absolution ;
ils ignorent qu’une résolution forte et constante de l’âme est requise pour que le ferme propos soit considéré comme absolu et efficace.
D’autres savent ce qui est nécessaire pour le salut, mais ils vivent sans se soucier de leur salut personnel, entièrement occupés à amasser richesses et dignités, à construire des maisons, à aménager des jardins, des vignes, etc. de sorte qu’ils ne pensent que rarement ou jamais à Dieu, à la vie éternelle, à leur conscience, sauf au moment de Pâques ; encore ne le font-ils alors que pour cette seule raison qu’ils sont obligés par un précepte de l’Eglise à se confesser et à communier ; une fois Pâques passé, ils retournent aussitôt à leurs préoccupations terrestres, s’y plongent et s’y enfouissent.
Les uns ont la conscience liée par l’usure, la simonie, les biens injustement acquis et qu’ils ne veulent pas restituer. D’autres ont des concubines ou sont impliqués dans des amours obscènes dont ils ne peuvent se débarrasser parce qu’ils ne le veulent pas sérieusement.
D’autres entretiennent des procès, des rixes, des haines immortelles.
Beaucoup savent que le ferme propos est requis pour l’absolution ; et pourtant ils ne se préoccupent pas de l’acquérir ni de s’y maintenir ; mais ils font semblant de l’avoir et se persuadent même faussement à eux-mêmes qu’ils l’ont. Car ce ferme propos est chose ardue, grande et difficile : beaucoup cependant ne veulent pas s’y attacher avec énergie ; ils ne veulent pas consacrer toutes leurs forces à une chose si ardue, surtout au moment de la maladie et à l’article de la mort, alors que la raison,le jugement, les sens et les forces de l’homme sont affaiblis et endormis : en conséquence, par l’habitude acquise au cours de tant d’années, ils forment leur résolution au moment de la mort comme ils avaient l’habitude de la former à Pâques, c’est-à-dire de manière superficielle, verbale et inefficace.
Voilà bien le juste châtiment du pécheur : parce qu’il a vécu dans l’oubli de Dieu, il mourra dans l’oubli de son propre salut, comme le soulignent saint Grégoire et saint Augustin (au livre 3 du traité du Libre Arbitre).
Celui qui n a pas voulu corriger sa conduite quand il en avait la possibilité sera puni par son péché même : il ne pourra plus s’amender lorsque lui en viendra l’intention tardive.
Bien des signes confirment que nombre de pécheurs n’arrivent plus à concevoir un ferme propos.
1 ° On redresse sa conduite une fois l’an, à l’occasion de Pâques, et on se confesse parce qu’on s’y sent comme contraint par les monitions du prêtre : ce bon mouvement est presque arraché par le sentiment d’une obligation au lieu d’être libre et spontané comme le devrait être le ferme propos nécessaire. Aussi, passées la communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort et qui, le danger écarté, retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n’y avait réellement rien de sérieux ni de profond.
2° Combien vivent dans l’ivresse, la fornication sous toutes ses formes, les disputes, le parjure, les médisances, sans vouloir rien abandonner de ces coupables habitudes : ou s’ils en ont l’intention, ils ne prennent aucun des rnoyens nécessaires pour arracher des vices enracinés. Par-dessus tout, l’orgueil et la luxure dominent les hommes sous leur pouvoir, et plus que tout autre vice, ces deux-là remplissent l’enfer.
3° Beaucoup de gens tiennent à des conventions spécieuses, à de faux principes directement contraires aux exigences d’une vraie conversion ; ils y ont été nourris dès l’enfance, ont grandi et continuent de vivre dans des sophismes tels que : l’injustice qui vous est faite, à vous-même ou aux vôtres, exige une égale vengeance ; honte et mépris à celui qui y manque. Ou encore : provoqué, on ne refuse pas un duel sans forfaire à l’honneur. Ou : entre convives, videz votre verre avec tous ceux qui trinquent à votre santé, et cela jusqu’à l’ivresse s’il le faut. Votre situation passe avant tout, et l’établissement de vos enfants, dit-on : pour acquérir ou pour développer une situation, gagner un grade, tout est permis, et si un commandement de Dieu ou de l’Eglise vous gêne, passez outre. Défendre sa vie et sa fortune est un devoir premier, même au mépris des lois divines.
On ne tolère pas une injure, une calomnie, un soufflet sans rendre la pareille, etc.
Que de gens, quand l’occasion s’en présente, ne se décident que sur la base de ces idées reçues qu’ils professent, qu’ils cherchent à justifier et auxquelles ils ne renonceraient pour rien au monde.
Même au tribunal de la pénitence, si le confesseur les interroge sur ces points précis, ils déclarent hautement qu’ils ne peuvent violer ces conventions. S’agit-il de respect humain, de situation ou de confort, il n’y a plus ni Dieu ni Diable !
Erigés en usages intangibles, et même en vertus, ces sophismes s’opposent diamétralement au ferme propos d’éviter le péché et de placer avant tout l’obéissance à Dieu.
Or, trop de prédicateurs négligent ces matières qu’il faudrait pourtant enseigner, expliquer, inculquer profondément. Ils leur préfèrent de banales explications d’Evangile dont ils ne tirent à l’adresse des pécheurs endurcis que des propos émouvants sur les souffrances du Christ, sur la miséricorde de Dieu, sur les mérites de la Charité envers les pauvres, parfois sur la Bienheureuse Vierge Marie qui ne cesse d’intercéder pour ceux qui la prient. Ils ne descendent pas â ces péchés concrets, à ces points précis contre lesquels il faudrait tonner, fulminer jusqu’à en extirper toute racine perverse.
Voilà pourquoi des cités et des peuples entiers restent englués dans ces habitudes, dans ces maximes du monde, dans ces sophismes et finalement dans ces péchés, et voilà aussi pourquoi aucun prédicateur – ou si peu – ne remporte des fruits de conversion.
Etes-vous dévoré de zèle pour la gloire de Dieu, le progrès des âmes, le bien de l’Eglise et le salut de ceux qui vous entendent ? Alors changez votre mode de prêcher, frappez vigoureusement les consciences afin d’en arracher jusqu’aux sources et aux principes du mal qui y répand ses ravages.
4° Pour certains, le repentir devant la mort est sincère ; ils se confessent dans de bonnes dispositions, mais souvent leur maladie se prolonge encore quelques jours. Alors ils sont assiégés des souvenirs de leurs anciennes passions, de tout ce qui, si longtemps, avait occupé leur esprit ; bientôt ils tendent à accepter ces souvenirs, ils cèdent à la mauvaise pensée, dans la délectation morose, le regret de leurs habitudes passées. Le démon ne manque pas de représenter ces souvenirs à l’imagination, d’en raviver les images, de tenter le moribond avec la derrnière violence en cet ultime combat du corps qui tente de retenir 1’âme qui s’échappe.
C’est en juste châtiment de leurs fautes et de leur négligence que Dieu donne à Satan la permission de tourmenter ceux qui, dans la force de la santé, n’ont pas eu garde de mortifier leurs passions et leur ont, au contraire, laissé la bride sur le cou. Combien succombent alors et vont à leur perte éternelle : les tristes exemples en abondent.
5° Pratiquer la vertu, poursuivre son salut et gagner le ciel sont choses si élevées et si difficiles à la fois qu’elles surpassent toutes puissances naturelles. La nature humaine, corrompue par le péché, inclinée aux choses terrestres est tellement enchaînée par les affections du monde, par le souci des occupations, des hommes, de son bien-être ou de ses plaisirs que, même en y ordonnant parfaitement toutes ses énergies, à peine pourrait-elle saisir quelque infime reflet des choses célestes, et moins encore s’y reposer.
Sans doute la grâce de Dieu précède-t-elle l’intention de l’homme ; elle habite même l’homme en état de péché, soutient celui qui est faible et aide celui qui est tombé à se relever : mais elle ne peut l’empêcher de retomber ; mais, dans cette corruption générale des puissances naturelles, au milieu de tant d’occasions de péché, parmi les tentations de la chair, du monde et du Démon, il n’est que trop facile de retomber bientôt dans quelques péché mortel, et alors la contrition et le ferme propos qui permettraient d’en sortir sont bien difficiles à provoquer de nouveau.
Pourquoi ? Pour deux raisons qui sont comme les deux pôles autour desquels tourne toute la question et qui sont le très grand nombre de ceux qui se damnent et le petit nombre de ceux qui se sauvent.
Telle était la pensée de saint Justin (apud Damascenum, Lib. II Paralip, cap. LXXXVII) :
« L’esprit qui s’est attaché aux choses terrestres ne s’en dégagera qu’avec peine ;
il sera très difficile de l’arracher à ce à quoi il s’était habitué. »
La gravité de ces vérités et l’expérience qu’ils en ont acquise ont conduit plus d’un homme avisé à réformer, toute pensée contraire : ainsi le bienheureux Justinien qui pensait d’abord que la plupart des chrétiens seraient sauvés, corrigea cette proposition pour écrire au contraire que le plus grand nombre allait à sa perte.
Etant à Rome, j’ai rencontré la même opinion de divers côtés, notamment d’un maître prédicateur, autrefois célèbre, qui préchait partout que les confessions des moribonds qui avaient vécu dans le péché étaient ordinairement plus mauvaises encore que celles qu’ils avaient pu faire dans leur vie passée.
Enfin pourquoi ne pas citer saint Augustin (Serm. 57, De Tempore) : « Il ne vous servira de rien, dit-il, dans les derniers moments de votre vie, de demander pénitence quand vous n’aurez plus ni le temps ni la force de faire pénitence. En vain, mes chers enfants, resteriez-vous dans une telle illusion “. Et plus loin : « Le repenlir d’un malade est faible comme celui qui l’exprime ; et le repentir d’un moribond, comme je crains qu’il n’ait déjà perdu toute vie ! Mes chers enfants, celui d’entre vous qui veut trouver miséricorde devant Dieu, qu’il fasse pénitence dès maintenant, dans la force de l’âge, afin d’entrer aussi sain dans l’éternité ! “
Le même père avertit ailleurs (Hom. 41 Inter 50) : ” parce que vous vous êtes confessé, parce que vous avez reçu l’absolution, vous croyez pouvoir mourir en sécurité : et moi, je vous dis que je suis beaucoup moins sûr que vous de votre avenir !.. ” Et d’expliquer :
“Vous n’avez songé à vous repentir que lorsque vous ne pouviez plus pécher : c’est donc le péché qui vous délaisse, ce n’est pas vous qui l’avez rejeté. Tenez la chose certaine : votre salut reste incertain ! “
Enfin dans son 24ème sermon sur les paroles du Seigneur selon saint Luc : « Conservez l’innocence tout au long de votre vie si vous ne voulez pas risquer de mourir dans le péché ! »
Tout cela me conduit à une certitude. Dans les endroits, dans les villes, les nations où l’éducation du peuple est saine, où les habitudes sont honnêtes, là où les efforts des maîtres, ceux des évêques et des curés, ceux des confesseurs se conjuguent avec ceux des magistrats et des gouvernants pour susciter dès le premier âge les vertus de foi et de piété, pour les développer, pour les enflammer de zèle, là, sans doute, j’estime que le plus grand nombre sera sauvé. Mais ailleurs, partout où ces heureuses conditions ne sont pas réunies, où dominent l’ignorance et l’insouciance des choses du salut, là où les dispositions au mal sont entretenues ou développées par l’éducation ou le climat social que là il y ait plus de damnés que d’élus je le pense et je crains fort de ne pas me tromper. »
Suarez, s.j.
Tract. de div. predest. et reprob. Lib. VI, cap. 3, Sitne major numerus predestinatorum aut reproborum.
« On peut établir de nombreuses comparaisons.
La première entre les anges.
Sur ce point, les théologiens, avec saint Thomas (2-9-63, art. 9, ad. 1), affirment communément que le plus grand nombre des anges s’est sauvé.
Une seconde comparaison peut être établie entre les hommes en les comprenant tous, absolument, depuis le début jusqu’à la fin du monde.
L’opinion commune et véridique est que le nombre des réprouvés est; dans ce cas, plus grand que celui des élus. Chose qui se démontre par ce passage de saint Matthieu (VII, 14) : elle est étroite la porte et resserrée la voie qui mène à la vie, et i1 en est peu qui la trouvent. C’est pour cette raison que les élus sont habituellement désignés comme le petit nombre.
Si la comparaison se fait entre les Chrétiens et si nous entendons par là tous ceux qui se glorifient du nom du Christ, y compris les hérétiques, les apostats et les schismatiques, il me paraît probable dans ce cas que le plus grand nombre est celui des damnés.
Si par Chrétiens nous entendons ceux-là seulement qui font partie de l’Eglise Catholique, il me paraît plus vrai de dire que la plus grande partie se sauve dans la loi de Grâce. En effet, parmi ceux-là, ceux qui meurent avant l’âge de raison ont pour la plupart reçu le baptême ; quant aux adultes, la plupart d’entre eux pèchent souvent mortellement, mais ils se relèvent fréquemment et passent leur vie à chuter et à se relever. En définitive, il en est peu qui, à la fin de leur vie, ne reçoivent les sacrements et ne se repentent de leurs péchés, au moins avec une douleur d’attrition. Cela suffit alors pour se justifier. Et, une fois justifiés, il leur est facile de persévérer sans pécher mortellement pendant le peu de temps (qui les sépare de la mort). Ainsi, en tenant compte de toutes les circonstances, on peut affirmer avec beaucoup de vraisemblance que beaucoup de ces chrétiens se sauvent. »
Sainte Catherine de Sienne
Votre miséricorde luit même dans les ténèbres de l’enfer
Les Dialogues, chapitre 30 :
(…) O Miséricorde, qui venez du Père, et qui gouvernez par votre puissance l’univers tout entier ! O Dieu, c’est votre miséricorde qui nous a créés, qui nous a régénérés dans le sang de votre Fils ; c’est votre miséricorde qui nous conserve ; votre miséricorde a fait lutter votre Fils sur le bois de la croix. Oui, la mort a lutté contre la vie, la vie contre la mort. La vie a vaincu la mort du péché, et la mort du péché a ravi la vie corporelle de l’innocent Agneau. Qui est resté vaincu? la mort. Et quelle en fut la cause? votre miséricorde.
3.- Votre miséricorde donne la vie ; elle donne la lumière qui fait connaître votre clémence en toute créature, dans les justes et dans les pécheurs. Votre miséricorde brille au plus haut des cieux, dans vos saints ; et si je regarde sur la terre, votre miséricorde y abonde. Votre miséricorde luit même dans les ténèbres de l’enfer, car vous ne donnez pas aux damnés tous les tourments qu’ils méritent.
4.- Votre miséricorde adoucit votre justice ; par miséricorde, vous nous avez purifiés dans le sang de votre Fils ; par miséricorde, vous avez voulu habiter avec vos créatures à force d’amour. Ce n’était pas assez de vous incarner, vous avez voulu mourir ; ce n’était pas assez de mourir, vous avez voulu descendre aux enfers et délivrer les saints, pour accomplir en eux votre vérité et votre miséricorde. Votre bonté a promis de récompenser ceux qui vous servaient fidèlement, et vous êtes descendu aux limbes pour tirer de peine (48) ceux qui vous avaient servi, et leur rendre le fruit de leurs travaux. (…)
***********
R. P. Réginald Garrigou-Lagrange, o.p., (1877-1964)
L’éternelle Vie
p.28
Nous ne pouvons pas ne pas vouloir le bonheur, ne pas vouloir être heureux, mais nous oublions souvent que le vrai et parfait bonheur ne se trouve qu’en Dieu aimé par dessus tout
et ici-bas nous l’aimons librement parce que nous ne le voyons pas immédiatement tel qu’il est et nous pouvons nous détourner de lui en considérant qu’il nous commande ce qui déplait à notre orgueil et à notre sensualité.”
Dieu vu comblerait immédiatement notre capacité affective qui serait irresistiblement attirée par lui.
Sur cette terre nous voulons tout en vue d’être heureux.
p.29
L’acte libre est une réponse gratuite, partie des profondeurs de la volonté, à la sollicitation impuissante d’un bien infini.
p.71 La grâce de la bonne mort
p.72 Nul ne peut savoir sans une révélation spéciale s’il persévèrera, aussi devons-nous faire notre salut avec crainte et tremblement; cf. saint Augustin, Le Don de la Persévérance, chap. 13, 14-17
Ce don de la persévérance ne nous est pas accordé selon nos mérites
mais selon la volonté très secrête, très sage et bienfaisante de Dieu,
à qui seul il appartient d’imposer quand il lui plait, un terme à notre vie.
Mais si ce don [de la persévérance jusqu’au paradis] ne peut être mérité [par nos prières],
il peut être obtenu par nos supplications [nos prières] cf. chapitre 6 N°10
cf. Th Aq Ia IIae q. 114 a. 9.
Le principe du mérite qui est l’état de grâce ne peut pas être mérité
car la cause ne peut pas être effet d’elle-même.
Or la persévérance finale n’est autre que l’état de grâce conservé par Dieu au moment de la mort
donc elle ne peut pas être méritée.
Elle dépend seulement de Dieu qui conserve en état de grâce ou qui y remet
Cependant, la persévérance finale peut être obtenue par une prière humble et confiante
qui s’adresse, non pas à la justice divine, comme le mérite, mais à la miséricorde.
D’où vient que nous pouvons mériter la vie éternelle,
sans pouvoir mériter la persévérance finale ?
C’est que la vie éternelle, loin d’être le principe du mérite en est le terme et le but
De fait, on l’obtiendra à condition de ne pas perdre ses mérites
dotrine confirmée par le Concile de [la ville de] Trente
Denz. 806, 826, 832
“Il faut un secours spécial pour que le juste persévère dans le bien”.
p.96
Jésus a dit aux pharisiens : “Vous mourrez dans votre péché”
L’immobilité de l’âme soit dans le bien soit dans le mal
commence librement pendant la vie présente et s’achève par un acte libre (conforme) au précédent) au premier instant de l’état de séparation de l’âme et du corps.
L’obstination a pu commencé longtemps avant la mort, comme il arrive chez les pécheurs endurcis et ceux-là peuvent être surpris par une mort subite (arrêt cardiaque, attaque cérabrale, accident brutal).
Les Signes de Certitude Morale de Prédestination
Les Signes de Certitude Morale de Prédestination, d’après saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Grégoire le Grand, saint Bernard, Saint Anselme, et selon certaines paroles de la Bible sont :
1°/ une bonne vie ;
2°/ le témoignage d’une conscience pure de fautes graves et prête à la mort plutôt que d’offenser Dieu gravement ;
3°/ la patience dans les adversités pour l’amour de Dieu ;
4°/ la goût de la parole de Dieu ;
5°/ la miséricorde à l’égard des pauvres ;
6°/ l’amour des ennemis ;
7°/ l’humilité ;
8°/ une dévotion spéciale à la saint Vierge à qui nous demandons tous les jours de prier pour nous à l’heure de la mort ;
Saint Thomas d’Aquin enseigne en particulier que porter patiemment et longtemps une lourde croix est un signe de prédestination.
p.242
y-a-t-il un grand nombre de prédestinés ?
Le nombre des élus est-il inférieur à celui des reprouvés ?
Saint Augustin et saint Thomas le pensent à cause surtout des paroles de Notre Seigneur Jésus Christ: “il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus” (Matthieu 20, 16)
et à cause de ses paroles sur le petit nombre de ceux qui trouvent cette porte étroite du Ciel
(Matthieu 22, 14 ; 7,14)
Les fruits spirituels du mystère du petit nombre [49 % au Ciel, 51 % en enfer] des élus sont : humilité, fidélité, abandon.
Le motif formel de l’espérance chrétienne ne consiste pas en notre effort mais dans le fait que Dieu soit secourable,
notre secours est en Dieu
Deus Auxilans cf. p.252 Dieu Secourable
Le motif de la faute mortelle est le bien supérieur en vue duquel Dieu permet ce mal :
la manifestation de la justice infinie
qui proclame les droits du Bien Suprême à être aimé par dessus tout (p.231-233).
Auguste Castelein
L’Abbé Auguste Castelein, jésuite, dans Le Rigorisme, le Nombre des Elus et la Doctrine du Salut refuse le petit nombre des élus.
Il accuse de jansénisme ceux qui sont de l’opinion opposée à la sienne.
Il fait une confusion entre l’opinion des jansénistes et celle des saints, Docteurs et Pères de l’Eglise, lequels ont enseigné que seuls 49% des catholiques vont au ciel. L’abbé Castelein confond cette opinion avec l’opinion des jansénistes lesquels enseignent que seulement un pour cent ou même un sur dix mille vont au paradis.
L’Abbé Castelein cite faussement Saint Alphonse de Liguori et saint Jean Chrysostome.
Le Père Castelein estime que savoir si oui ou non la majorité se condamne, n’a pas de conséquences pratiques alors que tous les saints affirment au contraire : si la majorité finit en enfer, c’est que nous ne devons pas imiter la majorité qui ne prie pas et ne fait pas pénitence.
La conséquence pratique est la suivante : on ne doit pas se comporter comme la masse du troupeau car celle-ci refuse la miséricorde de Dieu et ne prend pas les moyens d’échapper aux péchés mortels.
But de cette page
Cette page n’est pas faite pour désespérer, elle est faite pour stimuler et combattre l’erreur de la théologie Polnaref – Teilhard de Chardin – Urs von Balthazar : la pieuse ignorance, “nous irons tous au paradis“.
Pierre Teilhard de Chardin, s.j., (1881 – 1955) : “vous m’avez dit, mon Dieu, de croire à l’enfer. Mais vous m’avez interdit de penser, avec absolue certitude, d’un seul homme, qu’il était damné”.
[l’Ecriture Sainte enseigne que Judas est damné : Judas est selon Jésus l’homme pour qui il eût mieux valu ne pas être né, Mt 26, 24. l’Ecriture Sainte enseigne aussi que l’antéchrist sera damné cf. Apocalypse].
Le salut est conditionné à l’acte le plus facile à faire pour l’homme : penser,
le salut est conditionné à la prière, prier c’est penser à Dieu en l’aimant, c’est lui consacrer du temps pour penser à lui. On peut prier allongé, assis, debout, à genoux, il n’y a rien de plus facile.
Nous sommes tous pécheurs, nous avons tous mérité l’enfer éternel, Jésus est mort pour nous sauver tous de cet enfer, et tout homme qui le lui demandera sera sauvé, qui prie se sauve, qui ne prie pas se damne, voir saint Alphonse de Liguori, Traité de la Prière
Jésus nous demande de prier pour recevoir la grâce de l’aimer, c’est à dire vivre les 10 commandements : Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, Jean 14, 15.
Ce ne sont pas ceux qui disent “Seigneur, Seigneur” qui seront sauvés mais ceux qui font la volonté de mon Père. Matthieu 7, 21.
à voir, le roi Antiochus, livre des macchabées, exemple de fausse conversion à proximité de la mort.
Si l’enfer ne contient que des anges, Dieu n’a-t-il pas obtenu l’amour de ses saints en permettant qu’ils se laissent tromper par les révélations si claires de l’Ecriture Sainte et l’interprétation unanime des Pères de l’Eglise sur le point de savoir s’il y a bien des hommes en enfer ? Est-ce digne de Dieu d’obtenir de l’amour par une tromperie de sa créature ?
Vénérable Concepcion Cabrera de Armida surnommée la Grande Conchita (1862-1937), Confidence de Jésus aux Prêtres, éditions Téqui, Paris, p.48 :
Malheureusement beaucoup de prêtres se perdent à cause de leur inertie, de leur dissipation et de leur manque de zèle qui sont à l’origine de nombreux problèmes dans l’église.
Saint Curé d’Ars, Saint Jean-Marie Vianney :
Il y a moins de peine pour se sauver que pour se damner. (Villier P.O.628)
Il est plus facile d’aller au ciel que de tomber en enfer. Le démon s’étonne de ce qu’il nous fait tomber si aisément en tentation.. Dieu est l’élément dans lequel nous devons vivre ; lorsque l’on sort de cet élément, on est malheureux. (Pagès P.O. 409)
Il donne leur éternité pour la misérable fumée du monde. (Monin I 267)
Ce n’est pas Dieu qui nous damne, c’est nous par nos péchés. Les damnés n’accusent pas Dieu…Ils s’accusent eux-mêmes. (Monin I 335, Monin II 430 Esprit 27 Esprit 156.)
cf. pour ces quatre citations : Abbé Bernard Nodet, Jean-Marie Vianney Curé d’Ars Sa pensée Son Coeur, éditions Xavier Mappus, Le Puy- Paris, 3ème édition, 1958. Chapitre 7, la pensée de l’enfer, p. 241.
Saint Mechtilde,Livre de la Grâce Spéciale
(page 405-406 du pdf diffusé par JesusMarie.com) :
5ème partie, chapitre 16 : Des âmes de Salomon, de Samson, d’Origène et de Trajan
“Sur la requête d’un frère, elle demanda au Seigneur où étaient les âmes de Salomon, de Samson, d’Origène et de Trajan. A quoi le Seigneur répondit : “je veux que les dispositions de ma miséricorde envers l’âme de Salomon restent cachées aux hommes, afin qu’ils évitent plus soigneusement les péchés de la chair. Ce que ma bonté a fait de l’âme de Samson restera aussi inconnu, afin qu’on redoute de tirer vengeance de ses ennemis. Ce que ma bonté a fait de l’âme d’Origène restera aussi caché, afin que personne ne s’élève en se fiant à sa science. Enfin ce que ma libéralité a décidé pour l’âme de Trajan demeurera, de par ma volonté, ignoré des hommes, afin que la foi catholique soit plus exaltée, car cet empereur, quoique doué de toutes les vertus, n’a eu ni la foi chrétienne, ni le baptême.”
[en note, en bas de la page 332 se trouve ceci : “Dans le seul manuscrit de Saint-Gall on trouve ajouté en cet endroit, mais à la marge : ” ce que ma bonté a fait pour l’âme d’Aristote sera caché, de peur que le philosophe s’arrête à la nature et méprise les choses célestes et surnaturelles.”]
Remarque : nous donnons cette citation par souci d’honnêteté intellectuelle mais elle est paradoxale
car les paroles attribuées à Jésus produisent l’effet inverse que l’effet recherché.
les dispositions de ma miséricorde envers l’âme de Salomon
Ce que ma bonté a fait de l’âme de Samson
Ce que ma bonté a fait de l’âme d’Origène
Enfin ce que ma libéralité a décidé pour l’âme de Trajan
Ces trois mots, miséricorde, bonté, libéralité, incitent à penser que ces personnes ne furent pas damnées, sinon, Jésus n’aurait-il pas dit : “ce que ma justice a fait envers…”
Va-t-on parler de miséricorde, bonté, libéralité, s’il s’agit d’exprimer que les personnes furent damnées éternellement en enfer ? Non. Donc ces phrases affirment que Salomon, Samson, Origène et Trajan sont sauvés. C’est du moins le sens le plus probable.
Donc, Jésus, qui aurait pu simplement garder le silence face à cette question, indiquerait par quatre exemples précis que même si l’on commet un grand nombre de péchés de la chair comme Salomon, même si l’on se venge de ses ennemis comme Samson, même si l’on s’élève en se fiant à sa science comme Origène et même si l’on ne possède ni le baptême ni la foi catholique comme l’empereur Trajan, on peut être sauvé et passer l’éternité au paradis !
Si cette phrase est bien de Jésus, elle nous présente donc un Dieu qui se saurait pas mesurer l’effet de ses paroles, ce qui nous semble impossible. Toute cette phrase n’est pas autre chose qu’une incitation indirecte à s’imaginer que de grands pécheurs, par ailleurs doués de talents exceptionnels, peuvent obtenir de la miséricorde divine le salut éternel. La miséricorde de Dieu est son attribut le plus glorieux, l’homme le pire de toute l’humanité peut obtenir le pardon de ses péchés tant qu’il est en vie.
Cette citation, néanmoins, est loin de d’inciter à éviter les péchés de la chair (Salomon). Elle n’incite pas non plus à redouter de tirer vengeance de ses ennemis (Samson). Ni à ne pas s’élever en se fiant à sa science (Origène). Enfin, elle n’exalte pas la foi catholique puisqu’elle nous explique qu’un empereur a pu être sauvé sans le baptême et sans la foi. Dieu est libre de ses dons et de ses choix.
Etant nous aussi des hommes pécheurs, sauvés par la miséricorde de Jésus et maintenus en état de grâce également par sa miséricorde infinie, nous ne pouvons que nous réjouir du salut de ces quatre hommes si c’est la vérité, en revanche, il est clair que beaucoup prendront ce texte comme autre chose qu’un avertissement sur les dangers que nous font courir les péchés sexuels (Salomon), la vengeance (Samson), l’orgueil (Origène) et l’ignorance de la foi chrétienne et du baptême (Trajan).
Evangile (apocryphe) selon Thomas, logion 23
Jésus a dit : je vous choisirai entre mille et deux entre dix mille et, debout, ils seront un.
Vision de saint Pacôme selon laquelle la majorité de ses moines seront damnés
cf saint Robert Bellarmin, Le Gémissement de la Colombe, livre 2, chapitre 7 :
(…) Voici de quelle manière elle est racontée par l’Abbé Denys, excellent Auteur, qui a traduit fidèlement la vie de saint Pacôme du Grec en Latin. Un jour tandis que les frères s’assemblaient au refectoire, le vénérable vieillard saint Pacôme se retira dans une cellule où il avait accoutumé de s’entretenir seul avec Dieu. Là il se mit à conjurer le Seigneur de lui faire voir ce que deviendrait après lui sa nombreuse Congrégation (…) il eut tout à coup, sur le minuit, une vision dans laquelle Dieu lui fit connaître, sous une figure toute mystérieuse, que ses Monastères se multiplieraient dans la suite; que quelques-uns de ceux qu’on y recevrait, y vivraient avec beaucoup de piété et de pureté, mais que la plupart s’y perdraient par leur négligence.
Remarquez que d’un très-grand nombre de Religieux, il y en devrait avoir quelques-uns, c’est-à-dire, peu se sauveraient, et que la plupart devaient périr malheureusement. L’auteur continue, et raconte ainsi les particularités de la vision. Le saint homme, comme on le sut de sa propre bouche, vit une foule de Moines dans une vallée assez profonde et obscure. Quelques-uns d’eux voulaient monter; mais ils en étaient empêchés par d’autres, qui descendaient, de manière qu’il leur était impossible de sortir de là. D’autres, après quelques inutiles efforts, n’en pouvant plus, tombaient jusqu’au fond. D’autres étendus par terre, versaient des pleurs, et jetaient des cris pitoyables. Quelques-uns avec des peines extrêmes, montaient enfin, et dès qu’ils étaient arrivés au haut, ils se trouvaient environnés d’une lumière céleste, dans laquelle ils bénissaient Dieu de les avoir tirés de l’abîme.
C’est là ce que contenait toute la vision par où il paraît que le principe du relâchement des Religieux, est l’aveuglement d’esprit, comme saint Pacôme l’expliquait lui-même. Car c’est pour cela que Dieu lui montra tant de Moines, qui de l’état de perfection, où il les avait attirés, étaient tombés dans cette vallée profonde et obscure. Ce n’est point l’étoile qui les avait conduits à l’Etable de Bethléem, et s’ils avaient embrassé la pauvreté Evangélique, ce n’est pas que Dieu les y eut appelés, ni qu’il leur en eût donné la pensée; c’est parce que manquant de tout chez eux, ils espéraient ne manquer de rien dans le Monastère, ou parce que n’étant pas de naissance à être considérés dans le monde, ils croyaient qu’ils le seraient dans la Religion, ou par quelque autre semblable motif, qui ne pouvait être qu’une suggestion de la nature corrompue.
Ainsi ils avaient changé d’habit sans changer de mœurs, et après cela faut-il s’étonner si on voit tant de gens, qui cachent sous un extérieur religieux un esprit mondain, et s’il se trouve des partialités et des brigues pour les charges dans la maison même de Dieu, qui devrait être la maison de paix ? D’où vient ce désordre, sinon de ce qu’on n’y est point appelé par celui qui dit : Mettez sur vous mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. Il faut donc que les Supérieurs zélés pour la réformation de leur Ordre, aient un soin très-particulier de n’y recevoir personne, dont ils n’aient examiné la vocation, et qu’au Noviciat on les éprouve tout de bon, non-seulement en les reprenant et les corrigeant de leurs fautes, mais en les accoutumant en toute rencontre, à mortifier leurs passions.
Revenons à la vision de saint Pacôme. Dans cette vallée profonde, où il vit une si grande multitude de Religieux, il en distingua de quatre sortes.
Les premiers tâchaient de monter; mais ils en étaient empêchés par d’autres qui descendaient et qui occupaient le chemin, et ils ne se connaissaient point les uns les autres. Cela voulait dire que dans les ordres les plus déréglés, il y a toujours quelques gens de bien, qui aspirent à la perfection, et qui s’efforcent d’y arriver; mais ils en sont détournés tant par le mauvais exemple, que par les discours scandaleux des autres. Or on dit qu’il ne se connaissent point, parce qu’il arrive souvent que ceux qu’on regarde comme frères, ou comme amis, et qui en ont l’apparence, sont de véritables ennemis.
Les seconds tâchaient de monter aussi-bien que les premiers; mais ils se laissaient incontinent, et perdant courage, ils tombaient au fond de l’abîme. Cela signifie qu’il n’y a point d’Ordre Religieux, quelque relâché qu’il soit, où il ne se trouve des personnes, qui non-seulement veulent la réforme et le rétablissement de la discipline, mais qui commencent à se reformer eux-mêmes, à résister aux tentations, et à réprimer leurs appétits déréglés. Cependant vaincus et entraînés par leurs anciennes habitudes, ils quittent enfin leurs bonnes résolutions, et meurent dans l’impénitence.
Les troisièmes couchés par terre, qui ne faisaient que pleurer et que gémir, représentaient assez naturellement les Religieux lâches, qui ne font pas le moindre effort pour gagner le haut de la montagne, où ils jouiraient du parfait repos, mais qui demeurent à terre, soupirant sans cesse, et pleurant non pas leurs péchés, mais leur misère, se plaignant souvent des occupations laborieuses et humiliantes que l’obéissance leur ordonne. Ô vie malheureuse, où l’on s’afflige, sans pouvoir attendre de consolation du Ciel; où l’on travaille sans mériter de récompense; où le chagrin suit le travail, et où la mortification temporelle traîne après elle la mort éternelle ! Qu’on serait heureux, si ce qu’on souffre par nécessité, on le souffrait de bon cœur, pour l’amour de Jésus-Christ ! Sans doute que l’on trouverait son joug fort doux, et son fardeau fort léger; et que par quelques peines passagères, on mériterait une éternité de bonheur.
Les derniers, avec un courage invincible, surmontant toutes les difficultés, écartant tout ce qui s’opposait à eux, arrivaient enfin à la cime de la montagne. Ceux-là figuraient les grandes Âmes, qui malgré tout ce qu’il y a de rude et d’épineux dans la voie étroite de la perfection, ne s’arrêtent point qu’elles n’y soient parvenues. Alors il leur vient d’en haut une abondance de lumière, qui dissipant toutes les ténèbres de l’erreur, leur fait connaître ce que c’est que la véritable liberté. Vous connaîtrez la vérité, disait le Sauveur, et la vérité vous affranchira. En effet, ceux à qui Dieu éclaire l’esprit, et dont il purifie le cœur, comprennent incontinent que hors sa grâce en cette vie, et sa gloire en l’autre, il n’y a rien d’estimable, rien qui puisse rendre l’homme heureux. Ainsi délivrés de toute crainte, et de tout amour des choses du monde, ils entrent dans la voie de la paix, ils y marchent sûrement et avec joie, jusqu’à ce qu’ils arrivent à la Jérusalem céleste.
On peut confirmer la vision de saint Pacôme, par celle qu’eut saint François sur le progrès et sur la décadence de son Ordre. Dieu lui fit voir une statue toute semblable à celle que Nabuchodonosor avait vue autrefois en songe. C’était un Colosse, qui avait la tête d’or, la poitrine d’argent, les jambes de fer, les pieds en partie de fer, en partie d’argile. Tout cela est expliqué assez au long dans les Chroniques de saint François qui contiennent beaucoup de choses fort remarquables de la ferveur des premiers Pères de cet Ordre, et du relâchement des derniers D’où l’on peut conclure que d’une part il faut bénir Dieu d’avoir donné et de donner encore à présent une infinité de Saints à L’Eglise, dans tous les Ordres Religieux; et que d’autre part on ne saurait assez gémir pour les grandes plaies qu’a souffertes avec le temps cette partie, autrefois si sainte et si entière, du troupeau de Jésus-Christ; qu’enfin on doit prier Dieu qu’il lui plaise tourner le cœur des pères vers les enfans, et faire revivre dans les enfans la sagesse sainte, et la fervente piété des pères.” (fin de la citation de cf saint Robert Bellarmin, Le Gémissement de la Colombe, livre 2, chapitre 7).
4ème livre d’Esdras, chap. 8, 1 et chap. 9,15 dans la Bible de Le Maistre de Sacy, Bible de Port Royal, Livres Apocryphes de l’Ancien Testament avec les écrits des tems apostoliques et les préfaces de saint Jérôme en latin et en françois, avec des notes,
tome IV, 1717.
Chap. 7.
14. Ainsi ceux qui vivent dans le siècle ne pourront obtenir ces biens réservés à leurs efforts, s’ils ne passent auparavant par ces sentiers étroits et malheureux
(…)
18. Que les Justes passeraient par les tribulations avant que d’entrer dans ces vastes demeures, mais que les impies quoique éprouvés par mille peines, en seraient exclus.
(…)
20. Plusieurs ne périssent en cette vie que parce qu’ils ont méprisé la loi qu’il leur avait prescrite.
21. Car Dieu en les mettant sur la terre leur a expressement marqué ce qu’ils devaient observer pour vivre, et ce qu’ils devaient éviter pour n’être point punis.
22. Mais ils n’ont point écouté ces avis salutaires ; il les ont contredits et ils ont suivi la vanité de leurs pensées.
23. Et après s’être livrés à des actions honteuses et criminelles, ils ont poussé leur orgueil jusqu’à nier qu’il y eut un Dieu, ils ont refusé de marcher dans ses voies.
24. Ils ont méprisé la loi, ils ont renoncé à ses promesses, ils n’ont point été fidèles à garder ses ordonnances, et ils n’ont point accompli ses oeuvres.
(…)
41. Si donc à présent que la corruption s’est accrue et que l’injustice s’est multipliée, les Justes prient pour les impies ; pourquoi ne seraient-ils pas écoutés ? [les versets précédents font comprendre qu’ils seront écoutés et que Dieu fera miséricorde]
(…)
57. Et il me dit : voilà une juste idée du combat auquel l’homme est exposé dès qu’il commence à voir le jour.
58. En sorte que s’il y est vaincu, il souffrira ce que tu dis ; et si au contraire il en sort victorieux, il recevra la récompense dont je t’ai parlé.
59. car c’est de cette vie immortelle dont Moïse parlait autrefois au peuple, lorsqu’il lui disait : choisissez la vie afin que vous viviez.
60. Mais ils ne crurent ni Moïse, ni les Prophètes qui vinrent après lui : et ils ne m’ont point crû moi-même quand je leur ai assuré
(…)
67. car s’il ne multipliait sa miséricorde, ceux de ce siècle ne pourraient subsister, ni ceux qui doivent l’habiter, recevoir la vie.
68. Si par sa bonté il ne remettait les iniquités commises contre lui, de dix mille hommes il n’y en aurait pas un seul de sauvé.
69. Et si celui-même qui doit les juger ne leur pardonnait après les avoir purifiés par sa parole et qu’il n’oubliât le nombre de leurs crimes ; de cette multitude inombrable d’hommes, à peine y en aurait-il quelques-uns de sauvés.
Chap. 8. (p.56 du pdf google)
1. Alors l’Ange me répondit et me dit : le Très-haut a créé le siècle présent [= le monde présent] pour être le séjour d’une infinité de créatures, mais le siècle futur [= le monde futur] ne sera que pour un très petit nombre d’entre elles.
2. Esdras, je vais te faire comprendre ces choses par une comparaison ; car si tu interroges la terre, elle te répondra qu’elle peut fournir beaucoup de matière propre à faire des vases de terre ; mais très peu de celle dont se forme l’or.
3. Tel est l’état du siècle présent, plusieurs y ont reçu l’être mais il y en a très peu de sauvés.
(…)
14. Si donc vous perdez celui que nous n’avez formé qu’après tant de soin et d’attention ; ne vous était-il pas facile, après l’avoir créé, d’empêcher qu’il ne se perdit.
15. Et maintenant Seigneur, je ne vous prierai point pour tous les hommes en général, vous savez ce que vous avez résolu d’en faire ; mais je vous parlerai en faveur de votre peuple pour lequel je suis dans l’affliction
(…)
17. c’est pourquoi je commencerai à vous offrir mes prières, et pour eux et pour moi, en considérant les crimes que nous commettons tous les jours sur la terre ;
18. afin de prévenir le jour imprévu auquel celui qui nous jugera doit venir nous surprendre.
(…)
28. Ne vous ressouvenez point de ceux qui ont fait le mal à vos yeux ; mais de ceux qui, pénétrés de votre crainte, ont respecté vos Ordonnances.
29. Ne nous punissez point à cause de ceux qui se sont rendus semblables aux bêtes ; mais pardonnez-nous en faveur de ceux qui, sans craindre les hommes, les ont instruits généreusement de votre Loi.
30. Que votre indignation ne s’allume point, à cause de ceux qui se sont mis au dessous des brutes même : mais sauvez-nous en faveur de ceux qui se sont appuyés sur la justice et la vérité de vos promesses
31. car, semblables à nos pères, nous languissons dans toutes ces infirmités, et vous ferez éclater votre miséricorde, en la répandant sur nous qui sommes des pécheurs.
32. Si donc vous daignes avoir pitié de nous, vous serez véritablement le Dieu de miséricorde, puisque nous n’avons fait aucune oeuvre de justice
33. Mais pour les justes qui se sont fait un trésor de bonnes oeuvres, ils en recevront la récompense.
34. Qu’est-ce donc que l’homme, pour qu’il puisse exciter notre indignation ? Et quelle est cette race corrompue, pour que vous armiez contre elle toute votre fureur ?
41. Comme les semences que le laboureur confie à la terre ne remplissent pas toutes son attente au temps de la moisson, et que les plantes qu’il cultive ne prennent pas toutes également racine, ainsi de cette multitude d’hommes qui ont été créés sur la terre, tous ne seront pas sauvés.
45. (Esdras implore miséricorde)
(…)
55. Ne t’inquiètes donc plus sur le grand nombre de ceux qui doivent périr
56. car se trouvant parfaitement libres, ils ont rejetté le Très haut, ils ont méprisé sa loi sainte et se sont écartés de ses voies.
57. Ils ont foulé au pieds les enfants du Très haut ;
58. Et ils ont dit dans leur coeur qu’il n’y avait pas de Dieu ; quoiqu’ils sussent qu’ils étaient mortels.
59. Et pendant que vous jouirez tous du bonheur qu je vous annonce ; pour eux, ils auront pour partage la soif et les tourments qui leur sont préparés : Dieu cependant n’a point souhaité la perte de l’homme.
60. Mais des hommes formés de ses mains ont souillé la sainteté de son Nom, et n’ont eu que de l’ingratitude pour l’Auteur de leur être.
61. c’est pourquoi je me prépare à entrer en jugement avec eux.
62. Je n’ai découvert ces mystères qu’à toi et à un petit nombre de justes qui te ressemblent. Alors je [Esdras] dis :
63.
Chap.9 (…)
9. Mais pour ceux qui ont corrompu mes voies, ils seront accablés de misères, et ceux qui les ont rejettés avec mépris, n’auront pour partage que des tourments sans fin.
10. Car je les avais comblés de bienfaits pendant leur vie et ils ne m’ont point connu.
11. Ils n’avaient que du dégout pour ma loi, lorsqu’ils étaient encore en pleine liberté de la suivre.
12. Et ayant encore le temps de faire pénitence, ils n’en ont point profité et se sont fermé les yeux : il est donc juste que livrés enfin à la mort, ils soient instruits par les tourments et les supplices.
13. Ne cherche donc plus à connaître de quelle manière les impies sont tourmentés ; efforce toi plutôt de découvrir quel sera le bonheur des Justes, qui sont ceux qui composeront le siècles futur [le monde futur], et quand il commencera à paraître.
14. Alors je répondis et je dis :
15. Je l’ai dit autrefois, je le dis encore, et je ne cesserai point de le dire : ceux qui tombent dans la perdition sont en plus grand nombre que ceux qui seront sauvés.
16. Comme le flot de la mer est plus grand qu’une des gouttes dont il est formé; et il me dit :
(…)
20. J’ai donc considéré ce siècle, et j’ai vu les malheurs qu’allaient attirer sur lui ses désirs criminels.
21. Je l’ai néanmoins épargné, et je me suis réservé un grain de la grappe et une plante d’une race nombreuse.
22. Périsse donc à jamais cette multitude ingrate et stérile et qu’il n’en reste que ce grain et cette plante que j’ai cultivé avec tant de soins.
Calmet, à compléter évangile saint Matthieu, p.60-61, 440, 473 : sur 600.000 soldats, seuls 2 pénètrent dans la terre promise, différence entre la paille et le grain, invité sans robe figure des réprouvés selon saint Augustin, mai 2013
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